Rien ni personne, bien sûr, n’arrivera à surpasser les délices mangées en Inde, dans des cuisines parfois douteuses, mais aux parfums envoûtants. Ottawa est à des milliers de kilomètres de ce pays étourdissant, mais la cuisine indienne qu’on y mange peut séduire le connaisseur comme le néophyte. Nous nous dirigeons donc, moi les papilles pleines d’espoir, le reste de la famille en mode aventure, au Haveli de la rue Clarence.
L’endroit est assez agréable: décor très ornementé, dans les tons de vert foncé et de bois sombre. L’accueil, avec sari coloré, est tout sourire. Par contre, le service pourrait être plus attentif, et mieux informer ses hôtes; on pèche par une certaine nonchalance. Mais nous n’en souffrons qu’à moitié puisque dimanche, c’est soir de buffet – comme les midis de semaine, d’ailleurs – et qu’on n’aura bien peu à faire avec le personnel en salle.
Au menu, donc, une bonne quinzaine de plats, en plus des masala dosa, un délice du sud de l’Inde: grandes crêpes fines et craquantes qu’on fait sous vos yeux et qu’on farcit de pommes de terre: un plaisir à renouveler… à la visite suivante, car c’est plutôt "bourratif"!
La section salades est un peu triste, avec son imitation de coleslaw, mais elle propose tout de même un grand plat de pickles, de petits citrons verts et oignons, un condiment traditionnel qui a ici l’avantage d’être bien épicé sans être incendiaire. J’attaque avec bonheur le mataar paneer, plat de fromage frais en cubes et petits pois dans une sauce tomatée tout à fait à la hauteur. Courgettes en sauce au yogourt et aubergines à la tomate, fondantes et bien relevées, sont aussi satisfaisantes. Les pakoras aux légumes, par contre, déçoivent, la sélection se limitant à de grosses tranches de pommes de terre un peu pâteuses, enrobées de panure et frites; rien d’excitant, surtout quand le réchaud a fait son oeuvre "ramollissante". Les caris de viande sont plus heureux; boeuf très épicé et agneau parfumé, mais on déplore la petite pellicule foncée qui les recouvre, signe qu’ils attendent là depuis un moment. Le poulet tandoori, lui, est bien relevé. On accompagne le tout d’un riz basmati un peu trop sec, ou d’un pain naan moelleux qu’on cuit dans le four tandoori, bien en vue derrière une grande vitrine. Enfin, un mélange de légumes où maïs et épinards dominent réveille les papilles, et il faudra quelques bonnes lampées de lassi pour en calmer l’ardeur. Mon lassi, cette boisson à base de yogourt qui a justement l’avantage de désaltérer tout en éteignant les feux, fait mon bonheur: si je préfère la version sucrée à la salée ou même à la populaire mangue, je demande toujours qu’on sucre avec modération; c’est quand même pas le dessert!!
Parlant dessert, on propose le ras malai, de gros beignets de paneer dans une sauce au lait sucré, et les gulab jamun, ces boulettes à base de lait qui sont frites et servies dans un sirop très sucré et souvent parfumé de cardamome ou à l’eau de rose. J’opte pour cet incontournable du nord de l’Inde, offert en version plutôt copieuse, mais dont le sirop manque de parfum.
Pour 13,95 $ par personne – moitié prix pour les enfants de moins de 10 ans -, le buffet d’Haveli demeure une assez bonne affaire. Mais on déplorera un certain laisser-aller d’ensemble qui mériterait attention: Haveli n’est plus seul à vouloir séduire les amateurs de cuisine indienne…
Haveli
39, rue Clarence, Ottawa.
241-1700.
www.haveli.com