Généralement peu friande de rhum – réminiscence de quelque folie de jeunesse?! -, j’ai trouvé dans cette invitation l’occasion de renouer avec cet alcool qu’on relègue trop souvent aux cocktails outrageusement sucrés. Exit le rhum and coke! Le maître assembleur David Morrisson, en tournée de promotion au Québec, est venu nous présenter le rhum dans toute sa grandeur.
Officiellement établi depuis 1749, le Domaine Appleton, en Jamaïque, perpétue la tradition d’une eau-de-vie de toute première qualité. Niché au coeur de la vallée de Nassau, le domaine jouit d’un sol idéal, d’un soleil enivrant et d’averses quotidiennes: un terroir de rêve pour produire le rhum. Les mélasses extraites de la canne à sucre qui y est cultivée sont fermentées avec l’eau de source qui descend des collines calcaires de Cockpit Country et les levures qui se trouvent aussi sur la propriété. Une méthode de distillation unique et un vieillissement en fûts de chêne ayant contenu du bourbon complètent ce lent processus. Les rhums Appleton peuvent vieillir ainsi jusqu’à 21 ans et même plus; un savant travail d’assemblage mènera au produit final.
Mais qui dit rhum pense plus souvent plage ensoleillée que salle à manger feutrée. C’était là le grand défi de ce drôle de mariage: prouver aux convives que les accords mets-rhums n’étaient pas le fruit d’un esprit égaré! Après un petit apéro de circonstance, nous ouvrons le repas avec un pavé de truite fumée vinaigrette miellée, shooter de gaspacho au melon d’eau et rhum, crème aigrelette à la ciboulette et petite salade de betterave à l’érable. On y marie un mojito – mélange de rhum Appleton Estate V/X, jus de lime, sucre, menthe et eau minérale -, auquel on a ajouté quelques feuilles de basilic: lime et eau minérale viennent équilibrer les sucres du plat.
Suit une salade de fruits exotiques grillés au vinaigre balsamique et poulet mariné au lait de coco et coriandre. Joliment présentée dans une demi-noix de coco, la salade réjouit par sa fraîcheur gentiment acidulée – dominance d’agrumes -, coupée par le sucre du vinaigre. Un martini à base de jus d’ananas et Appleton Réserve s’y marie assez bien… même pour qui est peu entiché de jus d’ananas.
Avec le plat principal, on passe aux ligues majeures: tournedos de faux-filet, marmelade à l’orange, poivrons grillés et camembert sont accompagnés d’un Appleton Estate Extra, assemblage de rhum ayant vieilli en fûts jusqu’à 18 ans, qu’on nous sert pur. Pour l’amatrice de scotch que je suis, c’est le bonheur! Belle couleur ambrée, richesse en bouche avec des notes de miel, d’épices, de fruits secs, d’oranges amères, de tabac… Tout ce qu’il faut pour accompagner dignement un boeuf tendre et goûteux.
Enfin, nous finirons sur une marquise au chocolat cachant en son coeur des tranches de bananes au rhum. Joyeuse finale qu’accompagne le rhum haut de gamme d’Appleton, le Appleton Estate 21 ans. C’est nature qu’on boit ce rhum de dégustation par excellence, pour apprécier toute sa richesse: teinte cuivrée, bouquet floral, nuances de noix grillées, de mélasse et de chêne. D’une grande élégance.
Je lève mon chapeau à l’équipe de l’Arôme (Hilton Lac-Leamy, 3, boulevard du Casino, Gatineau) qui a su concocter un repas à la hauteur de cet élixir ensoleillé. Les rhums Appleton sont disponibles dans les SAQ et LCBO. Oubliez donc le petit parasol de papier, sortez le ballon à cognac… et savourez!