Restos / Bars

Chez Magnani : Voyage à travers le temps chez Magnani

Cuisine intemporelle dans l’un des premiers restaurants italiens de la métropole.

À moins de connaître la maison ou d’habiter le quartier, on n’entre ici que sur recommandation, l’intersection Chabanel-Lajeunesse n’étant pas vraiment l’endroit le plus achalandé, ni celui où l’on pensera spontanément lorsque quelqu’un dira: "Et si on allait au restaurant ce soir."

Italien sans aucune restriction au niveau de la table et de la cave, ce restaurant-ci est un curieux mélange d’époques. Quatre parties formant un tout plutôt harmonieux; deux salles de restaurant, aussi différentes l’une de l’autre qu’une nonna et son arrière petit-fils, une cuisine vitrée où s’agite la brigade et volent les ustensiles et finalement, une épicerie.

Côté chic, une des deux salles de restaurant, belle collection de bouteilles italiennes choisies avec une évidente application, lumières tamisées, Eros Ramazotti et Laura Pausini susurrant des trucs torrides sur fond musical suggestif. Les nappes sont belles, les conversations feutrées, on sent que les clients apprécient cette sortie au restaurant.

De l’autre côté de la cloison, une salle semblant sortie tout droit d’un livre de Michel Tremblay ou de Mordecai Richler – ou de leur équivalent italo-montréalais. On se croirait au début des années 50, au lendemain de l’ouverture du restaurant par monsieur et madame Magnani. Il y a des décors qui se fanent après seulement quelques années et d’autres qui gardent une beauté digne plus d’un demi-siècle après leur création. C’est le cas ici et le client se sent bien dans cette salle chaleureuse. À la table voisine, une famille avec une petite fille en chaise haute qui découvre, ravie, les vertus du minestrone ou du cannelloni gratiné. Les nappes à carreaux et les grandes baies vitrées qui donnent sur la cuisine font que l’on se sent presque comme à la maison. Et le service est encore mieux qu’à la maison.

La carte de Chez Magnani ne recèle aucun mystère. Elle pourrait sortir d’un petit restaurant d’un quartier populaire de Rome ou de Milan. Un bon petit restaurant, sans chromes, mais avec beaucoup de coeur. Les antipasti sont tels qu’on s’attend à les trouver; de belles tranches de charcuteries italiennes, quelques poivrons rôtis, tomates et boconccini et, pour souligner l’attachement local, quelques tranches de saumon fumé. Tout est goûteux, invitant, simple, irrésistible.

Osso bucco et escalopes de veau dans les déclinaisons habituelles sont traités ici avec le respect dû aux plats classiques que l’on sait être désirés par les clients tels qu’ils sont depuis la nuit des temps. Le saltimbocca alla Romana, par exemple, est un modèle du genre. L’escalope, d’une tendreté parfaite, est recouverte d’une fine tranche de prosciutto et généreuse en parfums de vin blanc, beurre et tomate. L’osso bucco est comme à la maison (quand on le réussit) et, dans leur version piccatine, les escalopes frémissent du citron ajouté. Les plats principaux sont servis avec légumes, mais la maison affichant des pâtes maison, on voudra sans doute goûter à ces dernières. Ce qui s’avérera une bonne décision.

Crème caramel, tartuffo et semi freddo ferment le menu. Avec élégance et simplicité. Comme le reste de la soirée passée ici. La carte des vins est très italienne et propose quelques importations privées qui rempliront de joie le vigneron qui sommeille en vous. Monsieur Enrico joue les maîtres de cérémonie avec distinction. Et réussit à créer cette ambiance si chaleureuse.

On sort de Chez Magnani avec le sourire. S’il s’agit d’une première visite, on est étonné de ne pas avoir découvert cet endroit plus tôt. Si l’on est un habitué, on se sent heureux de revenir encore et encore et de toujours y trouver le même plaisir. En plus de celui de partager avec les nouveaux venus amenés ici pour un voyage dans le temps.

Chez Magnani
9245, rue Lajeunesse
514 387-5959

Ouvert à midi du lundi au vendredi et en soirée du mardi au samedi. À midi comptez une quarantaine de dollars pour deux personnes avant boissons, taxes et pourboire. Le soir, doublez. Si vous cédez à la tentation et tombez en pâmoison devant la carte des vins, les possibilités sont grandes de ressortir pauvre. Gardez quelques sous pour le taxi.