Pupilles et papilles font la fête. C’est presque un raz-de-marée de clients qui déferle ici depuis la réouverture de cet établissement. Nous avons dû faire cinq ou six fois le tour du quartier avant de pouvoir dénicher un stationnement. Pas une seule table libre sur la terrasse: "Certains avaient réservé depuis trois jours", nous confie un serveur. De l’intérieur, on en voit tout de même les grands parasols rouges. Ils me suggèrent en apéro une Stella Artois. Mon invitée s’en remet plutôt à la carte des vins (alléchante à plus d’un titre) pour choisir un rosé italien d’importation privée (Donna Marzia, Negramaro Solento, 2004). Nous prenons alors le temps de nous imprégner du nouveau décor. Le rouge y domine… avec discrétion, si l’on peut dire, différemment nuancé selon l’objet, le mur ou le meuble qui attire notre attention. Panneaux de verre bleu cobalt, pan de mur en mosaïque multicolore, bar à dessus de marbre, lampes stylées, lustres épurés et, à ma droite, un mur beige clouté de perles. C’est dans cet environnement à la fois stimulant et relaxant qu’évoluent en un ballet trépidant serveurs et serveuses, prestes, les bras chargés d’assiettes, montées avec un réel souci du coup d’oeil, qui semblent faire aussi partie du décor: salade aux fines tranches de parmesan, salade au saumon et brie, filet de sole aux canneberges et fines herbes, bavette ou carré de veau, satay de volaille, tartare de boeuf, entrecôte grillée, brochette de crevettes, pasta. Débordés mais contents, ils nous adressent un mot ou nous laissent un sourire au passage. Pour dîner, c’est le choix entre le "Soleil du midi" et le "Coup de soleil du chef" – ces plats qu’on voit jaillir des cuisines et qui, chaque fois, pourraient nous faire changer d’idée. Mais nos commandes sont déjà passées… nos commandes arrivent. Une salade méditerranéenne pour mon invitée: haricots, ficelles de carottes, copeaux de parmesan, coeurs d’artichaut et de palmier… Tout aussi végétarien (une fois n’est pas coutume), j’ai préféré la crème printanière, délicieux potage, pas trop épais, où l’on croit deviner, subtile, la saveur du fenouil. Arrive ensuite la volaille croustillante, morceaux de poulet gainés d’une croûte légère et dorée et mouillés d’un caramel de mangues. Pour achever le dépaysement, ce plat s’accompagne d’un riz au jasmin – cuit à point et parfumé… à souhait. Les côtelettes d’agneau qui me sont servies montrent une chair rosée: c’est ce que je voulais. La sauce qui les nappe est au romarin et à l’ail rôti, mais aucun de ses goûts ne s’impose. J’ai beau adorer la viande, je me laisse littéralement subjuguer par la fine polenta au basilic servie en accompagnement. D’une finesse, je vous dis! Savoureuse, avec ça. Je crois que j’avais aussi de la salade, mais ne m’en souviens plus très bien… Mais cette polenta! Il fallait tout de même en revenir, n’est-ce pas? Alors, pour m’y aider, voici donc un bon coup de fourchette dans le gâteau mousse au chocolat que mon invitée vient à peine d’entamer.
Montego Resto Club
1460, avenue Maguire
Sillery (Québec)
Téléphone: 418 688-7991
Menus du jour: 9 à 28 $ et 12,95 à 22,95 $
Table d’hôte: 27,95 à 35,95 $
Dîner pour deux (incluant taxes et service): 58,83 $
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FLEURS COMESTIBLES
Ce n’est certes pas la première publication consacrée à ce sujet, mais, la plupart du temps, nous avons affaire à des ouvrages traduits (quelques-uns peut-être trop vite) de l’anglais ou de l’allemand, entre autres. Qui plus est, certaines espèces étudiées ne sont pas forcément disponibles ici. Cette fois, il s’agit d’un livre conçu et rédigé au Québec: Fleurs comestibles: du jardin à la table, publié tout récemment par Fides. Dans un style vif et précis, sans lourdeur aucune, Mélinda Wilson inventorie et présente 50 fleurs, sauvages ou cultivées, croissant généralement bien en Amérique du Nord (zones 3 à 6). Établissant pour chacune une véritable fiche signalétique, elle en énumère les propriétés et les différentes utilisations, sans négliger pour autant les détails techniques (origine, famille, période de floraison, type de sol, etc.), les rappels étymologiques et, à l’occasion, certains traits ressortissant à l’histoire ou à la légende. Abondamment illustré par les photographies en couleurs de Roger Côté, Fleurs comestibles… ne mériterait pas son nom s’il ne réservait pas une bonne place aux recettes – de l’achillée millefeuille à la violette (dommage que les zinnias ne se mangent pas!) en passant par la tartine au chocolat et aux phlox, le vinaigre floral au basilic, le sucre à l’oeillet, la semoule aux fleurs d’onagre, la mayonnaise aux câpres et à la mauve, etc. Trucs et conseils pratiques (récolte, séchage, conservation) concluent l’essentiel de l’ouvrage, qui s’achève sur deux index (noms français et noms latins) précédés d’un glossaire. En refermant ce livre, on a l’impression d’avoir un peu voyagé, et l’on comprend pourquoi Mélinda Wilson place en épigraphe de son avant-propos cette réflexion de Michel van Schendel: "Mille pas dans le jardin font aussi le tour du monde." Mélinda Wilson, Fleurs comestibles: du jardin à la table, Montréal, Fides, 2006, 256 pages.