Restos / Bars

Auberge La Muse : Lieu d'inspiration

À l’Auberge La Muse, c’est à la fois la cuisine et l’environnement qui séduisent… avec la simplicité en  prime.

Au retour d’une petite virée dans la région, nous nous arrêtons dans ce restaurant qui avait retenu notre attention dès notre première visite, il y a quelques années de cela. Que de changements depuis! La galerie alors aménagée en terrasse a été transformée en une vraie salle à manger, vitrée à souhait et aussi confortable que la principale. Quelques marches à descendre, et vous voilà sur une terrasse en partie couverte par une semi-tonnelle. Au-delà, c’est la grande cour paysagère plantée d’arbres fruitiers, la petite fontaine sculptée où l’eau coule sans cesse, des fleurs, des plantes… C’est là, sur un banc, que nous terminons tranquillement nos apéros – Cerisier rose et pommier blanc (Pedneault) et Labatt Bleue. La lecture des quatre tables d’hôte nous avait pris un temps fou, car nous avions décidé de "décompresser", de nous donner, le temps d’une soirée, l’illusion de longues vacances. Nous n’avions pas manqué d’écouter ce que commandaient les autres clients, de zyeuter les assiettes qu’on leur servait – langouste, fettucine de faisan de Charlevoix, escalope de veau, blanquette de homard à l’américaine… Procédant par élimination, nous avions sans enthousiasme renoncé à la bouillabaisse, aux fruits de mer poêlés à la ratatouille, au tian d’émeu, à la darne de flétan, à l’étuvée de chevreau de Charlevoix et à bien d’autres. Nos entrées s’amènent dès notre retour à table: escabèche de caplans pour mon amie et, pour moi, fruits de mer et légumes en tempura. Ces plats, tout comme ceux qui suivront, sont de la "Route des saveurs". Champignons de couche, crevettes, oignons, carottes, petits pétoncles, calmars, courgettes, tout cela se trouve réuni et semble pris dans le frêle filet de pâte translucide qui s’imprègne de cette sauce pâle et délicieuse (miso, sucre et cassonade) répandue dans l’assiette. Étêtés, marinés, frits et savoureux, les petits poissons servis à mon amie s’accompagnent de pesto, d’une tranche de citron, d’une huile de piments maison (servie sur demande)… et d’un verre de vin blanc maison (Bottero) – qui sera suivi, un peu plus tard, d’un Domaine du Lys (Syrah, 2004). Un autre petit tour dans le jardin s’impose, nous revoici, l’appétit rajeuni. Après un gouleyant potage (crème d’asperges et de betteraves jaunes), on sert à mon vis-à-vis un long triangle de pâte feuilletée abritant une viande suprêmement goûteuse: telle est la blanquette d’agneau à l’estragon. Un must… comme j’en souhaite à tous ceux que j’aime. Autour, une garniture composée de fèves germées, de chou-fleur, de betteraves jaunes, brocoli, courgettes, poivron rouge, des pommes de terre dont l’apprêt rappelle une dauphinoise et une petite ratatouille tout simplement… admirable. La serveuse n’a pas pensé changer les ustensiles, surtout que mon amie passe du poisson à la viande. En ce qui me concerne, je n’ai pas à le demander: elle m’apporte un solide couteau à steak après avoir déposé devant moi la colossale brochette de sanglier et de pintade mouillée d’une sauce aux bleuets et oignons séchés. Les deux premières bouchées me ramènent à l’esprit ce que j’ai déjà évoqué à propos de cette cuisine: l’excellence des apprêts en ce qui concerne les légumes, la volaille, les poissons et fruits de mer… et ce mode de cuisson des viandes auquel je ne parviens pas à m’habituer. En ce qui me concerne, du moins, la pintade l’emporte (et de loin) sur le sanglier. J’ai aussi droit aux mêmes légumes que ma compagne – sauf les pommes de terre, que remplace alors un mélange de riz blanc et de riz sauvage, cuit à point et de bon goût. Pour copieuses que soient les assiettes et peu importe tout ce que vous avez mangé, vous considérez les desserts comme autant d’ultimatums. Crème brûlée, profiteroles au chocolat, trio de sorbets aux fruits de la saison… Là, vous vous dépêchez de choisir avant que la raison ne vous rappelle à l’ordre. Le moelleux au chocolat, tiens! Il nous arrive empanaché de sucre filé, escorté de fraises, de bleuets, de mûres, de kiwi, de crème glacée maison à la vanille… et marqué d’un discret lacis de coulis de fraises et de sauce au chocolat. Cela se mange avec un peu de remords, évidemment. Mais, à chaque bouchée, on se donne soi-même l’absolution: "J’aurais pas dû…" Efficace? Il suffit d’y croire.

Auberge La Muse
39, rue Saint-Jean-Baptiste
Baie-Saint-Paul (Québec)
Téléphone: 418 435-6839 ou 1 800 841-6839
Tables d’hôte: 30 à 55 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 100,65 $