Oui, je vous le concède, pour qui habite Hull, Aylmer ou Ottawa, le boulevard Labrosse semble à des lieues. On se surprend de trouver là une si charmante maison de brique habilement rénovée, avec verrières, terrasse et, vive la banlieue!!, stationnement! Mais l’endroit a ses habitués qui ne craignent pas les quelques kilomètres de plus pour savourer la cuisine des chefs Martin Doucet et Jean-Pierre Bouchard, tout en profitant d’un des très courus concerts de jazz, de blues ou de musique du monde qui font l’originalité de l’endroit.
À l’arrivée, on peut être surpris de trouver une grande salle à manger vide; c’est que les clients sont à l’étage. L’idée n’est pas mauvaise, car les salles qui s’y trouvent sont inondées de lumière naturelle. Même si, au premier coup d’oeil, on peut facilement croire à tort que les affaires vont mal…! Le décor a un certain charme, avec ses tables nappées de blanc, ses tableaux d’artistes locaux et sa sobriété; seul le look dépassé des chaises de l’étage détonne. Accueil et service sont sympathiques et sans chichis; notre lunch d’affaires s’est étiré jusqu’à 16h, et jamais nous n’avons senti la moindre pression pour débarrasser la place!!
Pour les midis d’été, une jolie carte allie produits du marché et valeurs sûres, avec ici et là un brin d’exotisme. Des plats qui s’annoncent colorés et savoureux, mais sans trop décoiffer; bref, un bel équilibre. En entrée, Méli y va d’un potage verdurette tout à fait bien, alors que je me barbouille les lèvres d’une soupe froide carotte, orange et gingembre à l’équilibre parfait – la satisfaction se lira… sur mon large sourire orange fluo… José, elle, trouve son bonheur – et on l’envie – dans un fondant de fromage de chèvre chaud et tomates: deux délicates petites tomates sont farcies d’un mélange de fromage et fines herbes et chauffées juste ce qu’il faut pour fondre littéralement dans la bouche; un généreux filet de balsamique caramélisé relève le tout.
Pour la suite, une brochette de bison est savoureuse, avec ses généreux morceaux de viande goûteuse et ses légumes grillés juste à point. C’est bien sûr servi sur riz. Une salade tiède de boeuf aux parfums asiatiques est agréable: la viande (du boeuf Angus) est belle, tendre, finement présentée dans un bol oblong débordant de légumes – poivrons, champignons, chou chinois, quelques feuilles de laitue -, mais la sauce teriyaki qui nappe le tout est un peu lourde et tend à écraser les autres saveurs. Ce n’est pas la catastrophe, mais disons que les "parfums asiatiques" manquaient un peu de délicatesse. Enfin, le sandwich au crabe ressemble à… un sandwich au crabe! Pas de surprise, sauf peut-être un pain un peu banal dans lequel la farce crémeuse, relevée d’oignon vert, n’est pas mise en valeur. Mais l’ensemble est plein de saveur et, accompagné d’un mesclun frais, c’est somme toute une belle assiette.
Enfin, question de ne pas abandonner José au péché d’un décadent gâteau mousse au chocolat et pralin de noisettes (de chez Philouze) – délicieux!! -, Méli et moi partageons sagement un trio de sorbets: mangue, toujours rafraîchissant, fruits des champs, mon petit préféré, et pomme… que l’abondance de cannelle me fera négliger, mais qui, au dire de ma comparse, était très bon. Des cafés longuement étirés sur la terrasse achèveront un lunch fort agréable.
Un repas trois services pour deux personnes, le midi, se montera donc à une quarantaine de dollars, avant vin, taxes et pourboire. Très raisonnable pour une table fine et fraîche.
La Maison Maxime
187, boulevard Labrosse
Gatineau
819 669-0909
www.lamaisonmaxime.com