Trois autres chefs renommés travaillent sous sa direction, rivalisant d’audace et d’ingéniosité. À de tels atouts s’ajoutent le raffinement d’un décor qui semble toujours nouveau et la cordialité d’un personnel bien formé, prompt à réagir à vos moindres sollicitations. "Je m’en remets à vous": nous le pensons, mais ne le disons pas. Ainsi, parmi un grand choix de martinis, mon amie opte sans hésitation pour le Hpnotiq qu’on lui suggère: apéro bleu poudre, frais, à base de vodka et de fruits tropicaux. Un parfum de fruits de la passion en émane et vous… hypnotise, peut-être. Je lève à notre santé mon verre de Pommery Brut Royal et, à partir de ce moment, le temps importe peu. À quelques mètres de moi, sur la droite, d’immenses miroirs couvrent le mur, ajoutant à la profondeur de la pièce. À gauche, le regard s’échappe par de grands vitrages. Une clientèle de tous âges se presse, dehors, sur la galerie convertie en terrasse couverte et chauffée. Si l’on étire un peu le cou, on découvre en contrebas un petit paradis terrestre: les jardins du Napa Grill. "Tu es là?" Je ne réponds rien, car je n’en suis pas sûr moi-même. Je réintègre tout de même la réalité, ma main se pose sur la carte, l’ouvre, feuillette, musarde. Opulentes, fastueuses, raffinées ou délicates: ainsi se présentent les quatre rubriques détaillant les entrées – de la terrine de foie gras à la "langoustine/pétoncle Princesse sur transparence", en passant par le carré d’agneau cuit au gros sel, le tartare de pétoncles au vinaigre de chardonnay, l’huître grillée et tempura de crevette géante, les ris de veau en croûte de pécan… Il y a également la soupe de poissons "Pleine Mer" et tout ce qui nous fait envie. Mon amie compose son repas de trois entrées; je me décide pour une seule, qui sera suivie d’un seul plat de résistance. Que ce dernier mot est, en l’occurrence, bien choisi! À une table voisine, quelqu’un vient de commander les pétoncles pochés au saké. Changerais-je d’idée? Nous mangeons lentement, en les méditant, les amuse-gueule qu’on a tôt fait de nous servir: chair effilochée de canard confit sur tranche de bocconcini. Savoureux, mais peut-être un peu trop froids. C’est un verre de pinot noir (De Loach 2003) qu’on amène à mon vis-à-vis peu avant l’arrivée de sa première assiette, soit le parfait de foies blonds aux pommes, tranché en deux grosses rouelles cerclées de canard fumé et accompagné d’un chutney de fruits tropicaux aromatisé à la badiane. Tel est le genre de poème qui vous pompe les larmes aux yeux! Mouillé de sauce au mirin, un beau morceau de magret de canard grillé trône au milieu de ma propre assiette, tout aussi joliment présentée. L’équilibre des saveurs confine à la perfection; mes papilles festoient, et mon Pommery se joint à leur allégresse. Là, je souffle un peu, pendant quelques minutes. Ce qui ne m’empêche pas de goûter à cet inimitable risotto aux fruits de mer que mon amie accompagne, cette fois, d’un verre de blanc (Monterey, Ca’ del Sol). L’un des rares risottos qui ne me gâche pas l’humeur: cuisson parfaite du riz, bon dosage des épices, pas d’excès de fromage. La coquille Saint-Jacques, entre autres, est une merveille en bouche, à la noix aussi onctueuse que le corail. Dehors, il fait déjà nuit. La fin approche à mesure que la faim s’éclipse. Nos dernières assiettes s’amènent, aussi fumantes, aussi appétissantes que les précédentes. Mon amie a droit à des ris de veau moelleux posés sur un coussin d’épinards avec, à côté, une petite préparation à base de noix de coco et de mangue. Et voilà nos ardeurs ravivées! Pour moi, c’est un imposant filet mignon (boeuf "Platine") sur lequel une tranche de gorgonzola s’effondre doucement sous l’effet de la chaleur, coule jusqu’au fond de l’assiette et se mêle au suc ambré et rosé de la viande grillée comme je l’ai souhaité. Bokchoi, carotte, pâtisson, poivron rouge et asperge ajoutent de la couleur à l’ensemble. Pour un peu, j’aurais omis de goûter à la crêpe de pommes de terre au Migneron, qui ne se faisait pourtant pas trop discrète. Je ne sais plus où donner de la fourchette, oubliant chaque goût après chaque bouchée pour avoir le plaisir de les redécouvrir encore et encore… Quand on vient un peu plus tard nous offrir le dessert, notre seule réponse est un éclat de rire signifiant que nous remettons à un autre jour les fraises au mascarpone, la crème brûlée et sa glace aux raisins et rhum, la dacquoise à la mangue et sa gelée épicée… Deux cafés seraient tout de même les bienvenus.
Château Bonne Entente
Monte Cristo Resto Lounge
3400, chemin Sainte-Foy
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: 418 650-4550
Menu tapas: 5 à 12 $
Menu du midi à partir de 12 $
Menus du soir à prix variés
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 100,28 $