Restos / Bars

Al Dente : L'art de la pizza… al dente

Véritable institution dans NDG, Al Dente continue d’offrir, bon an mal an, de délicieuses pizzas qui font du bien à l’âme. Réconfort garanti.

La pizza, un plat doudoune? Pourquoi pas? Pour ma part, je cède volontiers à l’attrait de la "pomodori secchi" de cette sympathique trattoria, dont les tomates séchées éponymes, si j’ose dire, font causette avec du pesto sous une couche de fromage formée d’un dosage judicieux de mozzarella et de bocconcini. Le fait de savoir que le pesto en question n’est pas fait maison tempère à peine mon enthousiasme!

D’ailleurs, c’est ce que j’ai voulu vérifier. Après tant d’années, la maison tient-elle encore la route? Première constatation, le décor, qui n’a jamais rien eu de scintillant, paraît un peu fatigué. Il faut dire à ce propos que la moquette tachée n’arrange rien. On passe l’éponge en se disant qu’on a affaire à un petit resto de quartier sans prétention. Malgré tout, sans doute en raison de l’embourgeoisement galopant de l’avenue de Monkland, on tarife le cappuccino à 4,95 $, ce qui est tout de même un peu fort de… café.

Les tables recouvertes de papier donnent aux Michel-Ange en herbe l’occasion d’exercer leurs talents en attendant la suite. À souligner, la qualité du pain, qu’on consomme d’un air un peu coupable en songeant à la pizza et aux pâtes qui s’en viennent. Une fois n’est pas coutume, se dit-on sans trop y croire.

La soupe aux champignons proposée en entrée de la table d’hôte avait un goût bien prononcé, mais elle était très salée, ce qui laisse toujours planer un doute sur ses origines. On l’avait agrémentée de tranches de champignons sautés. Dans une autre entrée, on marie quelques feuilles de laitue rouge à peine nappées d’une vinaigrette trop acide, des tranches de poivron grillées et des quartiers de tomate insipides (un comble en septembre) à une saucisse (évidemment) italienne, parfumée aux graines de fenouil, qu’on a brossée de vinaigre balsamique. Ici, l’acidité du vinaigre tranche agréablement sur la grasse onctuosité de la saucisse. La salade César, dont les puristes vous répéteront jusqu’à plus soif qu’elle n’a rien d’italien, n’en figure pas moins aux menus de nombreux établissements par ailleurs dignes de foi. On en propose ici une version acceptable.

Choix tiré de la table d’hôte, les côtelettes d’agneau sont bien parées et tendres sous la dent, même si elles sont un peu trop cuites. On ne nous a pas demandé de préciser la cuisson souhaitée et nous nous sommes bien gardés de mâcher le travail. La viande s’accompagne d’une sauce suscitant, à tort ou à raison, les mêmes interrogations que la soupe, de pommes de terre sans histoire et d’un mélange de haricots et de carottes décongelés, parsemés de brins de romarin. Bref, ce n’est pas mauvais, mais on se dit qu’il vaut mieux s’en tenir aux pâtes et aux pizzas.

Ces dernières, en particulier, tiennent leurs promesses haut la main. Ainsi, la "quattro formaggi", classique dont il existe d’infinies variantes, mise ici sur des fromages doux (bocconcini, brick et mozzarella), le tout saupoudré d’une généreuse quantité de parmesan qui réveille le mélange et en accentue le goût. Autre grand classique, la "quattro stagioni", qu’on pourrait sans problème rebaptiser la pizza des indécis, se compose d’anchois, de petites palourdes, d’artichauts et de tranches de saucisse. Encore une fois, c’est bien fait, et les anchois, notamment, font un agréable contrepoint au reste. À souligner, la qualité (du point de vue du goût et de la texture) des croûtes cuites au four à bois, impeccables.

Hormis quelques desserts italiens bien connus, du genre cannoli, la maison mise sur des gâteaux typiquement nord-américains, produits par une pâtisserie montréalaise réputée. C’est très sucré, calorique en diable, mais les enfants, notamment, n’y trouvent rien à redire.

Sympathique, le service se fait à la bonne franquette, et on aurait sans doute tort de se formaliser outre mesure de petits faux pas (comme les entrées qu’on débarrasse avant que tout le monde ait terminé), excusables dans ce genre d’établissement. Le tout dans le tout, l’addition demeure raisonnable, surtout pour un resto italien, d’autant plus que vous pouvez apporter votre vin. Les pizzas en particulier méritent qu’on s’offre un bon petit rouge du dimanche.

Comptez environ 25 $ pour deux à midi et le double le soir. Vous apportez votre vin.

Bémol: quelques raccourcis en cuisine; une salle un peu défraîchie.

Dièse: d’excellentes pizzas.

5768, avenue de Monkland
514 486-4343