Restos / Bars

La Toulousaine : Une binerie pas ordinaire

Proposition peu banale dans la Petite-Bourgogne: une maison vouée à la défense et à l’illustration du cassoulet!

Il y a un moment que je voulais visiter La Toulousaine, mais l’idée d’en rendre compte au plus fort de l’été, voire en pleine canicule, refroidissait un peu mes ardeurs. Quand la bise fut venue, je m’y suis donc rendu et, tout compte fait, j’en suis fort aise.

Première incursion, un midi, juste pour voir. Le décor, où prédomine le bois blond, n’a pas beaucoup de cachet, mais on s’y sent bien, sûr d’avoir trouvé là un petit coin de France. "Restaurant brasserie de quartier", proclame fièrement la carte de visite. Attachante modestie, que confirme le menu. Ici, on tarife avec modération. À titre d’exemple, on vous fait, à midi, le ballon de pinard à 3,25 $ et le verre de bière à 2,75 $. D’ailleurs, la bouteille la plus chère de la carte, où on note une nette prédilection pour les vins rouges, de toute évidence choisis avec le cassoulet en tête, coûte 39 $.

En entrée, j’ai ainsi goûté une soupe aux carottes et aux haricots (on a de la suite dans les idées) robuste et savoureuse, qui annonçait le cassoulet version toulousaine proposé à midi en portion réduite, mais, qu’on se rassure, largement suffisante. Dans un bol en terre cuite, de la saucisse (de Toulouse, évidemment), du confit de canard, du porc et de l’agneau accompagnent les haricots, qui font trempette dans un jus abondant, parsemé de morceaux de lard. Bref, que des petites choses légères! Ce plat emblématique du "slow food", exécuté ici avec savoir-faire, est empreint d’une véritable noblesse et dépositaire d’une longue tradition. Détail curieux, les haricots manquaient de sel, mais c’est, comme le veut la sagesse populaire, un défaut qui se corrige plus facilement que son contraire. Et il y avait longtemps que je n’avais pas mangé en écoutant Dalida. J’irais jusqu’à dire que c’était la première fois.

Retour en soirée pour confirmer mes premières impressions et tâter du reste du menu. Malgré l’accompagnement musical plus dans mes cordes, les plats commandés ont été légèrement moins convaincants. Pas grand-chose à redire aux rillettes à la mode du Périgord proposées en entrée: elles sont moelleuses à souhait et accompagnées d’un peu de moutarde et de cornichons. Même remarque pour les escargots: servis dans une cassolette en terre cuite, ils délaissent ici le sempiternel beurre à l’ail au profit d’un mélange de poivrons fondants bien parfumés, qui rappelle évidemment la cuisine basque. Mon invitée n’en a fait qu’une bouchée (façon de parler, on sait se tenir). Nous avons aussi goûté un agréable potage aux poireaux, où le légume, comme il se doit, occupait l’avant-plan.

Le foie de veau, aillade et persil, était bien préparé, mais l’abat, curieusement, avait un goût un peu fort, aléa sans doute de l’approvisionnement. Il était servi avec des légumes réussis, d’où ressortait une tomate à la provençale. Le porc sauté, à la provençale lui aussi, n’a pas entièrement séduit l’ardent partisan des plats mijotés que je suis. La viande, très maigre, avait séché en cours de cuisson, tandis que les légumes (carottes, petits pois) avaient perdu toute leur vigueur. Seules les olives vertes avaient tenu le coup. Heureusement, le ragoût est servi avec les mêmes légumes que ci-dessus.

La carte des desserts n’est pas très alléchante et, au vu de la générosité de ce qui précède, on comprend presque pourquoi. Par acquit de conscience, nous avons goûté un grand classique: des fraises au poivre. Ne nous chante-t-on pas les louanges des fraises d’automne? Les fruits étaient en gros acceptables, la chantilly agréable et l’alcool plutôt discret. Mais… autant se réserver pour le cassoulet.

Le service, sans chichis, se fait gentiment, et le sympathique patron vient volontiers faire un brin de causette avec ses clients. Il y a tout lieu de se réjouir de l’apparition d’un restaurant à créneau comme cette "Maison du cassoulet" dans un coin de la ville où se distinguent déjà, entre autres, Joe Beef, dont Jean-Philippe Tastet a rendu compte en octobre dernier, et Ru de Nam, dont je vous ai moi-même parlé… en 2003. Le temps passe, l’appétit demeure.

Le midi, 30 $ et, le soir, de 50 à 60 $, avant les taxes, le pourboire et les boissons.

Bémol: le décor un peu passe-partout, qu’on souhaiterait plus au diapason de la cuisine proposée.

Dièse: un attendrissant parti pris pour les plats mijotés.

2504, rue Notre-Dame Ouest
514 935-4618