Petite baie bien de chez nous, prisée des autochtones depuis des lustres, la canneberge a trop longtemps été victime de son acidité. Le célèbre Cosmopolitan – cocktail vodka-jus de canneberge-triple sec – l’a remise un moment au goût du jour. Nos chefs, dans leur exploration du terroir, l’utilisent maintenant à toutes les sauces. La canneberge reprend tranquillement ses lettres de noblesse.
Au Québec, sa culture se fait surtout dans la région des Bois-Francs, mais l’Outaouais n’est pas en reste. En visite dans la Haute-Gatineau le week-end dernier, j’ai fait un arrêt obligé à la Vallée de la canneberge, où l’on procédait à la récolte. Et quelle récolte! Les champs au sol marécageux sont divisés en grands bassins inondables de trois acres chacun. On y pompe plusieurs centimètres d’eau avant de battre mécaniquement les plants dont se détachent les fruits flottants; une fois les baies remontées à la surface, de véritables "hommes-grenouilles des champs" (!!!), de l’eau à mi-cuisse dans leurs wet suits et bottes de pêcheurs, se promènent dans ces grands marais rougeoyants, poussant la récolte vers une extrémité du bassin d’où elle est transférée dans les camions. Un décor stupéfiant aux grandes taches rouges-rosées contrastant avec les champs jaunes et les forêts dénudées.
Lyne Leduc et Michel Chouinard cultivent ici la canneberge depuis 1998. Ils ne font pas la transformation sur place, mais envoient plutôt leur récolte dans la région de Québec, d’où elle revient en jus concentré (et non sucré!) et fruits séchés qu’on peut se procurer sur place, dans leur petit magasin. On y achète aussi, pour un maigre 2 $, un bon sac de baies fraîches. Mais si le voyage jusqu’à Kazabazua ne vous inspire pas, il vous reste encore deux jeudis pour vous procurer leurs produits au marché Vieux-Hull. Faites-y provision de fruits frais qui se congèlent à merveille!
photo: Patrick Milot |
Si on attribue à la canneberge toutes sortes de vertus curatives – j’ai même vu une étude qui prétend qu’un verre par jour de son jus non sucré ferait perdre du poids sans qu’on change rien à ses habitudes de vie… je m’y mets et vous en reparle dans quelques mois!! -, c’est pour son goût et sa couleur qu’on la cuisine. Elle se marie superbement aux gibiers, viandes rouges et volailles; ajoute une note de fraîcheur acidulée aux muffins et scones; et séchée, elle se grignote comme des raisins secs, se mêle à vos céréales du matin et aux biscuits des enfants. Bref, quand on l’aime, on voit rouge… de plaisir! Voici d’ailleurs, en cette saison de chasse, une recette de chutney aux canneberges et gingembre qui a du panache!
Faites revenir 3 ou 4 gousses d’ail et un bon tronçon (11/2 pouce) de gingembre frais hachés dans 3 c. à thé d’huile d’olive. Ajoutez 2 tasses de canneberges fraîches, le zeste d’une orange et son jus (env. 1/2 tasse), 10 c. à soupe de sucre (+ ou -, au goût). Faites mijoter doucement pendant 8 à 10 minutes. Vous voici à des lieues de la "cacanne" de gelée que vous sert encore matante avec sa dinde de Noël. Cette petite sauce, servie chaude, tiède ou froide, ajoutera du piquant à vos viandes grillées… Vous aurez même envie d’en tartiner votre pain!!
La Vallée de la canneberge
35, route 105
Kazabazua
819 467-4117