Restos / Bars

Les trois petits bouchons : Un amour de petit restaurant

Finalement, tout le monde va être heureux d’être pris dans les bouchons.

Ça arrive au moment où l’on s’y attend le moins. On entre là un peu par hasard, quelqu’un nous en a vaguement parlé, on connaît déjà l’adresse pour y être venu maintes fois dans d’autres restaurants ayant occupé les lieux avant. On ne s’attend à rien de vraiment spécial, ce soir-là.

Bien sûr, on est surpris par le décor vraiment réussi, épuré et esthétique, chaleur et élégance. D’autant plus surpris que ce demi-sous-sol ne nous avait jamais impressionnés par son élégance auparavant. Et encore plus surpris, car il se dégage du tout une impression presque domestique: on a l’impression d’être chez soi tout en se sentant en visite.

Bien sûr, on apprécie le sérieux et l’application des jeunes gens en salle qui, après avoir retroussé leurs manches pour rénover et décorer, ont passé leurs plus jolies chemises bien boutonnées pour accueillir les clients. On aime leurs explications claires, leur façon de faire passer leur passion, les propositions de vins hors des sentiers battus, le choix de vins au verre, les prix amicaux pratiqués. On aime même la coupe de cheveux décalée du maître d’hôtel, c’est vous dire.

Mais c’est surtout lorsque arrivent les premiers plats que l’on aime. On se sait en effet partis pour un beau moment à table. On sent que la soirée sera bonne ou peut-être même excellente. Autant vous dire tout de suite qu’elle le fut, et plus encore. Tout en simplicité, tout en douceur.

Ma convive avait froid: nous prîmes une soupe. Ce soir-là des carottes jaunes de monsieur Birri et une touche de dattes, ce qui donnait, présenté dans un grand bol plutôt coquet, un velouté réconfortant. On aurait crû entendre le feu crépiter tellement le bonheur s’installait. Cette belle tartine de poireaux à la Tomme des Joyeux Fromagers qui accompagnait la soupe contribuait, il est vrai, au bonheur; c’est souvent comme ça avec les tartines de poireaux à la Tomme fondante.

Moi-même, je mourais de soif: les charcuteries constituent une excellente excuse pour écluser un petit verre de rouge. Chez les trois petits bouchons, ça s’appelle: Assiette de bouchonnailles – en trilogie, comme les propriétaires – : petits cromesquis de pieds de porc en croûte de panko, un peu de rillettes de canard et quelques tranches de saucissons, souples et goûteuses. Plaisir total. Et les accompagnements, hors des sentiers battus, sont tout à fait dignes de mention: moutarde sauvage québécoise, ketchup aux fruits maison (pêches et tomates de toutes les couleurs… et boutons de marguerites et gousses d’asclépiades marinées. Un plat généreux pouvant facilement être partagé entre commensaux.

En plats principaux, une cuisse de canard confite, canardant à loisir, accompagnée d’une belle salade d’orge relevée de raisins de Corinthe, de raisins d’Iran (!), de quelques raisins verts et d’amandes grillées, ainsi que d’une poêlée de minishitakes bio et de pak-choi, ce petit chou chinois au goût de noisette qui semble vouloir s’installer avec assurance dans nos cuisines.

Et une magnifique joue de boeuf braisée, sauce vin rouge – purée de courge butternut, salade tiède de haricots jaunes, asperges, oignons grillés, cresson. Viande presque fondante sous la fourchette et explosant de saveurs en bouche; textures déstabilisantes d’originalité. Les accompagnements jouent ici leur rôle à la perfection.

Pour le dessert, le plaisir se poursuit avec une croustade aux pommes de la grand-mère de Michel, glace au thé Chaï et une mousse glacée choco-caramel (Valrhona), compotée de prunes et vanille, crumble choco, glace coco, digne de figurer sur les meilleures tables.

Toute la soirée se passe en douceur, la musique accompagne tranquillement, contribuant en cela au bonheur. Les trois petits bouchons s’appellent Xavier Burini et Michel Charette, bouchons au service, ainsi qu’Audrey Dufresne, magnifique bouchon de champagne aux fourneaux. Retenez bien leurs noms, ce sont vos futurs meilleurs amis.

Les trois petits bouchons
4669, rue Saint-Denis
514 285-4444

Ouvert en soirée du lundi au samedi. Entrées de 6 à 12, plats principaux de 14 à 23 et desserts de 4 à 6 (plus un décadent foie gras poêlé sur pain doré de panettone à 18 $). Quand on aime, on ne compte pas. Très intéressant choix de belles petites bouteilles pour illuminer la soirée et offre généreuse de vins au verre. Prix à prendre un abonnement pour les soirées d’hiver qui s’annoncent.