L’adresse a longtemps abrité Zingaro, un de mes mal-aimés préférés. J’étais excédée par son décor criard, ses portions exagérées, ses amalgames lourds. Quand on a mis la clé sous la porte, j’ai poussé un soupir de soulagement. Mais il a bien sûr fallu que je quitte ce quartier où j’avais longtemps habité pour qu’un nouveau resto y ouvre ses portes… Me voilà donc, un an plus tard, de retour dans ce voisinage trop bien connu, à la limite de New Edinburgh et de Vanier.
La première surprise – et elle est de taille! – nous vient du décor. Léché, sobre, aéré: boiseries, éclairage tamisé, pureté des lignes, cuisines ouvertes en fond de salle, juste assez à l’écart pour ne pas interférer avec les conversations. On s’y sent tout de suite bien au chaud, de coeur et de corps. Accueil et service sont jeunes, mais d’un professionnalisme irréprochable. On nous présente un menu en apparence d’une grande simplicité, mais qui révèle un souci marqué pour la fraîcheur et la créativité.
Chéri ouvre avec une salade Ambiente: petites laitues bio, cheddar vieilli, vinaigrette au sherry… et de merveilleuses chips de betteraves craquantes et finement sucrées qui ajoutent un accent coloré à l’ensemble. Je suis tout aussi heureuse de ma soupe de haricots blancs et ail rôti. Les dosages sont fins, la texture, onctueuse, et la garniture – haricots entiers parfumés à la truffe et chips d’ail – est non seulement fort belle, mais crée un merveilleux contraste sous la dent.
Le confort, ici, n’est pas seulement dans le décor; il est tout autant dans l’assiette. Un faux-filet de bison, pièce de viande moins tendre que le filet, mais fort goûteuse, arrive saignant sous son enveloppe bien grillée. Il est servi avec une purée de pommes de terre, des endives caramélisées et des lardons fumés; un jus au foie gras met la touche finale à un plat superbement présenté. Je me réchauffe de joues de veau braisées longtemps et doucement, qu’accompagnent une purée de panais légèrement miellée, de petites pommes de terre confites, des panais rôtis et un jus de braisage parfumé – très légèrement – à la vanille. La portion est copieuse, mais j’ai du mal à retenir ma fourchette, qui insiste pour retourner picorer la viande fondante…!
Enfin, j’abandonne toute résistance devant un moelleux au chocolat guanaja accompagné d’un sorbet à l’orange sanguine et d’une crème anglaise à la vanille. Tout simplement divin! Et si mon homme – repus et étrangement raisonnable ce soir-là – s’était fait tirer l’oreille pour la première bouchée, il y est revenu, encore et encore…
Bref, même à 90 $ pour deux, avant vin, taxes et pourboire, je ne me suis pas sentie flouée. L’expérience était belle, délectable et tellement réconfortante. Chapeau au chef Michael Guy qui relève habilement le défi qu’il s’est lui-même lancé; intégrité, honnêteté, découverte: ses trois piliers soutiennent une cuisine saisonnière de qualité.
Ambiente
101-18, avenue Beechwood
Ottawa
613 744-6509
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