Enfin! Il m’a bien fallu quatre ans pour arriver à mettre les pieds dans ce havre de paix. C’est que, la planification à long terme n’étant pas dans ma nature, mes tentatives de réservations se soldaient invariablement par un échec: complet… toujours complet. "Mais qui sont ces gens qui vont passer leurs samedis soir à Messines?!" Et voilà que par un jour froid d’octobre, la chance a tourné… et nous avons pris la route.
La centaine de kilomètres qui sépare Gatineau de Messines permet de se décharger tranquillement des casse-têtes qui ont alourdi la semaine: la route est belle, longeant souvent la rivière, serpentant à travers des vallons et de sympathiques villages. À l’arrivée, c’est la bonhomie d’André qui nous accueille, pendant que sa douce moitié, Andrée (!!), s’affaire déjà aux fourneaux.
Après des carrières dans le milieu de l’éducation, nos hôtes se sont embarqués dans une grande aventure: elle s’est inscrite à l’ITHQ; il a travaillé à l’agrandissement de leur maison de campagne. Et plus vite qu’ils ne le prévoyaient, l’auberge et la table de la Crémaillère sont devenues hautement prisées. Voulant nous offrir une vraie pause, nous avons donc opté pour la totale: chambre et souper! Leur maison québécoise est nichée au bout d’une route entourée de forêt, tout près d’une rivière qu’on entend couler. Les chambres sont confortables, spacieuses et d’une propreté irréprochable.
Mais parlons cuisine, puisque c’est ce qui m’a poussée à venir ici. Pendant que Madame fignole ses sauces, Monsieur officie comme maître d’hôtel, assisté de deux jeunes serveurs. On nous propose d’abord un potage de potiron, lait de coco et cari, décoré d’une touche de crème de gorgonzola. Finesse de la texture et justesse des parfums nous enchantent. Mon homme poursuit avec des escargots fondants servis sur une purée de céleri-rave merveilleusement fine, alors que je jubile devant des ris de veau au calvados et noisettes. Les assiettes sont superbement présentées, les portions juste assez copieuses.
Par souci de légèreté (ou pour garder de la place pour le dessert!), Chéri poursuit avec une escalope de saumon sauce du chef. La cuisson est parfaite, la chair est moelleuse et se défait délicatement sous la fourchette. En mode carnivore, je me laisse tenter par le plat du jour, un jarret d’agneau braisé et son jus à l’ail et au romarin. Je me sens soudainement moins courageuse quand je vois arriver ce beau jarret légèrement caramélisé en surface: tant de bonté pour un si petit estomac! C’est que la viande est tellement savoureuse qu’il sera difficile de déclarer forfait à mi-chemin…
Enfin, repus mais gourmand, l’Homme attaque de décadentes profiteroles bien chocolatées, le tout accompagné de fort bons cafés. Et si ce n’était de l’espace qui manque… je vous décrirais avec autant d’enthousiasme le petit-déjeuner pris le lendemain: jus frais orange-banane, croissants, cretons maison, omelette aux fines herbes et fromage… On y aurait passé la semaine!!!
Et juste en relisant ce texte, Chéri de me dire: quand est-ce qu’on y retourne? Alors, si vous cherchez à vous évader, prenez la route du nord! Table d’hôte à 45,95 $/personne, avant vin, taxes et pourboire. Chambres de 95 $ à 105 $ pour deux.
Maison La Crémaillère
24, chemin de la Montagne
Messines
819 465-2202
www.lacremaillere.qc.ca