Restos / Bars

L’Aubergine : Nouvelle aventure

L’Aubergine ramène au coeur du Vieux-Hull une cuisine française empreinte de tradition et de délicatesse. Une histoire à suivre.

L’Oncle Tom avait fait son temps… depuis longtemps. On avait bien tenté de dépoussiérer la formule, avec des soupers thématiques, par exemple, mais rien n’y faisait: ça sentait la grosse fatigue. On a donc fermé boutique. C’est alors que le chef Olivier Joanicot, devenu temporairement agent d’immeubles, passa par là et vit cette grandiose maison de briques rouges aux immenses vitraux et ses cuisines désertées. Il n’en fallait pas plus pour que l’appel des casseroles se fasse à nouveau entendre: L’Aubergine allait naître. Six mois de travaux plus tard, début novembre, on ouvrait.

Malgré les rénovations, la salle du rez-de-chaussée garde un air suranné, avec ses lourdes boiseries et son ameublement au tissu fleuri. Les murs arborent des couleurs vives d’orange et de rouge qui choquent un peu; on leur préférera le jaune beurre de l’étage, nettement plus apaisant et classique.

Accueil et service sont assurés par l’autre chef et copropriétaire, le sympathique Arsène Delrue, qui, bien qu’un peu débordé ce soir-là, prendra le temps de nous raconter ses aventures. Sympathique, j’ai dit? Très sympathique!

Un menu où l’on sent la tradition revisitée, remise au goût du jour. Si l’entrée de pétoncles et crevettes rappelait, par sa présentation, la bonne vieille coquille Saint-Jacques, les endives caramélisées qui servaient de lit aux crustacés et le sabayon d’agrumes gratiné rajeunissaient le plat. Une crème brûlée au fromage de chèvre, avec ses aubergines fondantes et ses petites poires confites sur un miroir à l’érable, était réjouissante.

Comme nous avions opté pour la formule table d’hôte – mal nous en prit, c’était beaucoup trop copieux! -, nos entrées furent suivies de potages: carottes, gingembre et orange, un classique du genre, était sans reproche; la bisque de poissons et crabe bleu, tout aussi réussie.

Le trop-plein se faisait déjà sentir à l’arrivée des plats… et quels plats! Avis aux affamés, les portions sont plus que généreuses, presque décourageantes… Mais combien belles sont les assiettes: présentations simples, mais impeccables. Un braisé de cerf des Appalaches en robe des champs (servi dans une grosse demi-pomme de terre évidée) est fondant dans sa sauce au romarin, cacao et olives vertes. Un mariage étonnant. Le rôti de caille jumbo farci est enroulé d’une feuille de vigne et d’une tranche de lard fumé; l’oiseau est dodu, tendre et goûteux. J’arriverai à peine au fond de l’assiette, me contentant de grignoter le bok choy miniature et la purée de patates douces.

Thé et café, bien que compris dans le prix, ne trouvent pas preneur. Tout comme les desserts qui avaient pourtant l’air parfaitement décadents… Trop, c’est trop!!

S’il reste encore quelques ajustements à faire – l’ensemble était très bien, mais pas transcendant, et malgré son côté fort convivial, le service s’égarait un peu dans les détails -, on est ressortis plutôt contents. Et le portefeuille pas trop allégé, les tables d’hôte faisant pour la plupart moins de 30 $.

L’Aubergine
138, rue Wellington
Gatineau (Hull)
819 777-3533