Avouerai-je que j’avais tout oublié de ma précédente visite? Sauf que mes papilles en avaient gardé un excellent souvenir et que nous étions quatre, installés à l’étage autour d’une grande table Teppan Yaki. Un autre couple était venu se joindre à nous, et la soirée s’était déroulée sous le signe de la bonne humeur, dans une ambiance euphorisée de vins et de saké. Cette fois, nous sommes deux. Mon amie et moi choisissons l’une des deux salles à manger du rez-de-chaussée, si bien que nous nous trouvons attablés devant un impressionnant samouraï noir. Je tourne presque le dos au comptoir à sushis et aux cuisines. Face à moi, sur le comptoir délimitant le bar, des théières, des boîtes de thé. Devant nous, déjà, la carte qui paraît s’être enrichie de toutes ces spécialités traditionnelles qui nous tentent. La jeune serveuse est là, attentive, et nous conseille, nous prévient… "Certains aiment, d’autres pas", dit-elle au sujet du natto (aux calmars ou au thon et oeufs de caille). Il s’agit de fèves de soja fermentées. La description qu’elle nous fait du yamaïmo (servi râpé et cru) évoque un tubercule voisin de l’igname (le "malanga"). On le dit aphrodisiaque… Deux, trois fois elle arrive à la rescousse, répondant à un petit geste que nous lui adressons de loin. Il y a là tant de choses à découvrir! Una Don (anguille grillée), Katasu Don (porc pané et frit, servi sur lit de riz), crevettes cuites au saké. Mon amie termine son vin de prune (Gekkeiken), je m’octroie une nième gorgée d’Asai. La faim m’assaille de partout – peut-on le croire? Nos premiers plats nous font l’effet d’une délivrance, même si nous ne les avons pas attendus longtemps. Une gorgée de saké pour se mettre en train, et mon amie attaque. Ses cinq gyozas aux légumes (avec tout de même un peu de viande) ne tardent pas à livrer leurs secrets, après avoir embaumé notre table. La pâte en est moelleuse, les légumes assaisonnés avec une délicatesse "respectueuse" de chaque ingrédient, les haricots, les brins de carotte, tout. Un plaisir de la voir manier les baguettes avec une telle dextérité. Moi, comme d’habitude, j’essaie un bout de temps, puis demande fourchette et couteau. La grande coquille Saint-Jacques qui m’est servie embaume autant que l’autre plat, mais dans un registre d’arômes différent: pétoncles et chair de crabe enrobés d’une sauce blanche, dense, puissamment savoureuse, qui exhausse la saveur des fruits de mer (par ailleurs frais et moelleux). C’est un Hotate to Kani no Yôfû Yaki, pour l’appeler par son nom. Une autre rasade de saké, deux gorgées de bière. À peine la serveuse a-t-elle passé notre deuxième commande que nous nous impatientons déjà. Entre autres, elle nous a chaudement recommandé un mets dont la description seule ne nous aurait pas convaincus. Mes papilles se… frottent les mains par avance. C’est à mon amie que revient le Gindara Saikyo, mais je la précède dans sa propre assiette, pressé de goûter à cette recette de morue un peu… sucrée. Le poisson a mariné deux jours dans un mélange de miso, de mirin et de saké (le Saikyo), mais on le dirait frais. Sa chair blanche s’effeuille sous la fourchette, et le palais se pâme quand il vous arrive en bouche. "Est-ce que je peux?" demande mon amie d’un air ironique en repoussant son petit bol de riz. Je murmure une excuse et, pour me faire pardonner, lui offre de goûter à mes brochettes de poulet grillé et à mon calmar grillé et sauce au gingembre (Ika Sugata Yaki). C’est que je lorgne aussi son Nasu Dengaku, des tranches d’aubergines grillées au miso, dont l’aspect fait penser à des darnes de jeune espadon. Nous ne sommes que deux, mais nous parlons comme quatre, enchantés, contents. Il fait froid dehors? Alors, un bon plein de calories s’impose. Nous le faisons, même sans pouvoir nous rendre jusqu’aux desserts.
Restaurant Ginko
560, Grande Allée Est
Québec (Québec)
Téléphone: 418 524-2373
Menu midi: 10,95 à 14,95 $
Tables d’hôte: 24,95 à 34,95 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 70,31 $
ooo
VOS PROPRES PLATS MIJOTÉS
Les Éditions Pratico-Pratiques viennent de lancer un nouveau guide pratique de sa collection Je cuisine: Plats mijotés. Fidèle à la formule "une recette, une photo" adoptée par l’éditeur, ce guide se consulte et se lit facilement, et se révélera vite indispensable à plus d’un. Soupes-repas, plats "tout-en-un", mets traditionnels, "mijotés express"… Vous y trouverez aussi de quoi faire voyager vos papilles en concoctant, par exemple, un cari à l’indienne, un tajine d’agneau, un osso buco, une goulash de veau… En tout, 50 recettes inspirantes pour cuisiner de toutes les façons: au four, sur la cuisinière ou à la mijoteuse électrique. Une section de l’ouvrage est d’ailleurs consacrée à la mijoteuse électrique, appareil presque magique, complice de notre vie trépidante. quotidien trécet ustensile de cuisson par excellence pour notre quotidien frénétique: des trucs pour en rationaliser l’utilisation, des recettes exclusives, etc. Renseignements: 418 877-0259.