Voilà qu’on nous apprenait cet été que, pris de bougeotte, l’établissement de la rue Wellington déménageait. Le local occupé depuis 10 ans était pourtant fort agréable et lumineux à souhait. Mais bon, comme il nous arrive aussi à nous, cuistots du dimanche, les chefs se trouvaient un peu à l’étroit en cuisine… Alors quand l’immense bâtiment abritant un concessionnaire automobile s’est libéré, ils ont sauté sur l’occasion: "au diable la dépense", on déménage!
Un pari audacieux. La nouvelle adresse n’est pas très loin de l’ancienne, mais deux coins de rue suffisent pour passer d’un paysage de boutiques sympathiques à une armada de "vendeurs de chars" et autres mégacommerces. Qu’à cela ne tienne, quand on découvre cet espace vaste aux plafonds qui donnent le vertige, on comprend l’enthousiasme de l’équipe. Trois murs entièrement vitrés, un lieu ouvert, aéré, de petites lampes suspendues pour une ambiance intime, un ameublement moderne et confortable; d’un côté, une salle à manger donnant sur les cuisines ouvertes – et fort belles! -, de l’autre, une salle plus calme, et entre les deux, le bar. Bref, un look branché, mais sans tape-à-l’oeil.
Accueil et service sont toujours aussi professionnels, sans prétention aucune, et d’un bilinguisme sans timidité. Pur plaisir qui se renouvelle à chaque visite! Le menu demeure dans la même veine qu’avant: une cuisine fraîche, beaucoup de bio et de local, de la couleur et de l’invention. Avec une très belle carte des vins, faut-il le rappeler.
Après un amuse-bouche de boeuf au sésame et tamarin, Chéri jubile devant quelques cubes de thon mariné aux herbes, cru au coeur et fondant à souhait, brochette en équilibre sur un verre à martini où microlaitues sont arrosées de vinaigrette à la vodka citronnée. J’y vais sagement d’une salade bien relevée: laitues de la ferme Bryson, pomme en fine julienne, betterave, noix de Grenoble au cari et vinaigrette cari-citron. L’équilibre est réjouissant: un sucré-épicé follement rafraîchissant.
Il poursuit avec un filet de boeuf à la cuisson impeccable, délicatement posé sur un gâteau de céleri-rave et pomme de terre en fines lamelles et accompagné de brocoli, haricots verts et épinards. Si j’ai opté pour une entrée tout en légèreté, c’est qu’un cassoulet me faisait de l’oeil pour la suite! Seule déception de la soirée, je l’avoue d’entrée de jeu: si la cuisse de canard confite est délicieuse, les tranches d’agneau sont un peu tristes, le tout posé sur une grosse poignée de haricots blancs qui nagent dans une sauce tomate… Les fleurettes de brocoli qui accompagnent le tout ayant retenu trop d’eau, le fond de mon assiette s’en trouve un peu dilué. Une demi-réussite.
Mais qu’à cela ne tienne, le dessert sera joyeux! La "dégustation de chocolat", toujours au menu, toujours renouvelée, nous interpelle: petite boule de semifreddo intensément chocolaté, minisandwich de meringues et mousse au chocolat, et tartelette choco-caramel décadente. À deux, c’est tout ce qu’il faut pour satisfaire la petite dent sucrée de fin de repas.
Nouveau décor, même table réjouissante. 90 $ pour deux, avant vin, taxes et pourboire. Pas donné, mais combien bon!
Juniper Kitchen and Wine Bar
245, chemin Richmond
Ottawa
613 728-0220
www.juniperdining.ca