Restos / Bars

Nate’s Deli : Et fume la viande…

Nate’s Deli persiste et signe depuis mai 1960. À une époque où bien des restos vivent le temps d’une mode, on découvre que la tradition a parfois très bon goût.

L’heure du souper, chez nous, est rarement avant 19h… Les enfants rentrent de l’école, Chéri rentre du boulot, on se raconte nos journées dans les effluves d’un rôti qui braise doucement et les cliquetis de la salade qu’on touille. Mais que faire quand le cinéma ByTowne nous attend à 18h50? Pas envie de manger à 21h, alors ce sera 17h30… Mais où? La rue Rideau foisonne de petits snacks, mais on ne veut pas imposer à notre voisin de cinéma les relents de sauce à l’ail d’un shawarma autrement délicieux… Je glisse donc, l’air de rien, les mots smoked meat dans la conversation. Les yeux de mon homme s’allument, puis m’interrogent: est-ce que ce sera aussi bon que chez Pete’s, à L’Île-Perrot? Probablement pas – le slogan le dit: "Can’t beat Pete’s meat"!! -, mais ça vaut le coup d’essayer. Et puis, Fern, un connaisseur en la matière, n’a-t-il pas trouvé là un peu de réconfort dans sa quête désespérée du Schwartz outaouais?

Mes arguments font céder ses réticences et nous voici attablés dans ce haut lieu de la culture gastronomique juive. On est d’abord accueillis par les comptoirs déli qui proposent tous les cornichons et autres bagels dont on peut rêver. La salle à manger, manifestement rénovée depuis l’ouverture, garde son cachet vieillot avec ses banquettes et ses airs de diner convivial. Nous écumons le vaste menu: bortsch, hareng mariné, bagel, fromage à la crème et saumon fumé, omelette au smoked meat et salami, sandwich Reuben, tout y est. Mais son idée est déjà faite: ce sera le Nate’s King Size, une montagne de viande fumée juteuse sur pain de seigle bien frais, avec frites maison dorées et petite salade de chou vinaigrée.

Avant ces décadentes agapes, je lui fais "subir" – pense-t-il d’abord – mon entrée de foie haché. Une assiette à la présentation simplissime, tout à fait dans le ton de l’endroit: feuilles de laitue (de la Boston, quand même!), tranches de tomates, olives, et une boule de cette préparation aux allures de pâté décorée d’oignons frits (mais non panés). On en tartine le pain, encore et encore… Sous ses airs de rien, voilà une entrée fort goûteuse.

Pendant qu’il mange avec entrain son smoked meat, je m’attaque au Lantzman’s Special: une assiette copieuse, où se mêlent un cigare au chou avec farce de viande hachée et riz, sauce tomate; un latke, grosse galette de pomme de terre râpée, d’oignon et d’oeuf, croustillante, mais au coeur fondant, que l’on nappe de crème sure; deux varenikes, petits chaussons dorés farcis de purée de pommes de terre; et les mêmes oignons frits savoureux qui accompagnaient notre entrée. Seule la peur de tomber endormie pendant le film me retient de finir mon assiette… et éloigne Chéri de la tarte au sucre!

On paie à la caisse, où efficacité et rapidité sont de mise, et on ressort repus… et contents. Chéri n’abandonnera pas son Pete’s, mais il avoue que les jours de "manque", la route sera moins longue: Nate’s "fait très bien la job", comme on dit!

Un gros repas pour deux nous allège de moins de 30 $, avant bières, taxes et pourboire.

Nate’s Deli
316, rue Rideau
Ottawa
613 789-9191