Quand le FFO bat son plein et qu’on enfile les films comme autant de perles multicolores sur un collier, les repas en souffrent. Le pop-corn ne nourrissant ni son homme ni sa femme, nous voici donc, petit mardi soir peinard, la tête pleine d’images… mais l’estomac roulant à vide. Il est 21h et on a faim! Ayant entendu dire que Elgin St. Freehouse gardait ses cuisines ouvertes assez tard, nous prenons donc cette direction. La rue Elgin, même un mardi soir, grouille de monde: les pubs ont toujours la cote auprès des étudiants. Notre destination est plus discrète, grand bien nous fasse; quand la faim me tenaille, la dernière chose dont j’ai envie, c’est d’une salle agressivement bruyante. Tout à l’opposé, notre resto se fait douillet et apaisant: un décor sobre sur le thème des vieux films américains en noir et blanc (on nous repasse d’ailleurs Casablanca sur un écran plat accroché au mur!); notre banquette est accueillante, verrerie et couverts élégants, mais sans prétention.
La serveuse, bien que sympathique à souhait, semble débordée… par les sept clients qui occupent l’endroit! Qu’à cela ne tienne, nous nous armerons de patience. Le menu annonce une certaine créativité, beaucoup de couleurs et de saveurs. Après un long débat sur les entrées, nous arrêtons notre choix sur une poutine aux champignons sauvages et fromage bleu – oui, oui! -, et une assiette de crevettes, suivies de saumon et de canard. Oups… le canard est en rupture de stock. Ce sera donc du porc.
Après une petite attente, le chef lui-même vient nous voir pour nous annoncer que les dernières crevettes ont été servies à la table voisine: alors rouleaux de printemps ce sera. Ma poutine s’amène: les frites allumettes sont bonnes, la sauce goûteuse, le fromage juste assez fondant… mais le parfum des quelques chanterelles réhydratées qui se mêlent aux champignons frais écrase tout. Les rouleaux de printemps, par contre, sont d’une fraîcheur irréprochable, la pâte bien craquante et la farce goûteuse.
Je poursuis avec un saumon aux cinq épices glacé à l’érable. La portion est copieuse, mais la cuisson inégale: la partie plus mince du filet s’est un peu desséchée et les quelques gouttes de réduction qui décorent l’assiette ne suffisent pas à la réveiller. Le poisson est servi sur un mélange de riz blanc et sauvage, quelques légumes (courge, carotte) et une petite salsa de fenouil et daïkon. Rien de fabuleux, mais tout à fait satisfaisant. Dans l’autre assiette, une côtelette de porc bien dodue est accompagnée de pommes de terre grelot, légumes et réduction, là aussi trop parcimonieuse, mais très savoureuse, à la grenade et aux noix. La cuisson est impeccable, pour une viande rose et tendre.
Avec les quelques lenteurs du service, il est près de 23h lorsque nous arrivons au fond de nos assiettes: notre oreiller fera office de dessert!
L’addition dépasse à peine les 50 $ pour deux, avant vin, taxes et pourboire. Fort raisonnable pour une cuisine honnête et colorée.
Elgin St. Freehouse
296, rue Elgin
Ottawa
613 233-5525