Le quartier Angus a connu tout un lifting au cours des dernières années. Après la fermeture des dernières usines à la fin des années 90, les lots vacants sont devenus les terrains de jeux des entrepreneurs qui ont déclenché un véritable boom immobilier. Derrière les bâtiments industriels rénovés, des condos en forme de boîte à savon ont poussé comme des champignons. La revitalisation du quartier doit aussi aux entreprises de nouvelles technologies qui y battent maintenant la mesure. Comme il faut bien que tout ce beau monde se restaure, quelques commerces d’alimentation ont bourgeonné dans les environs. Station F est de ce nombre depuis septembre dernier.
À table!
En entrée, on nous propose une onctueuse soupe de poisson safranée, servie avec sa rouille, ou encore un gratin de poireaux et pommes de terre au chèvre chaud. Simple et élégant, un flan de légumes relevé d’un délicat coulis de tomates légèrement acidulé compte parmi les choix d’entrées le midi. Qu’on vienne sur l’heure du lunch ou pour le souper, on peut goûter un copieux confit de canard, tout à fait tendre sous sa peau croustillante. Le soir, les classiques du bistro sont à l’honneur avec un jarret d’agneau, une bavette de boeuf à l’échalote, des moules et puis des frites (sic- sont-elles fraîches?), un boudin aux pommes ainsi que quelques choix de poissons. Des ardoises présentent les plats du jour. Cela complète un menu qui, autrement, ne tient qu’en une seule page. La carte des vins, également exposée sur un tableau noir, est tout aussi succincte, mais elle comble tout de même les attentes. Surtout que les vins au verre, offerts à partir de 4 $, promettent de ne pas trop faire enfler la facture…
Petites douceurs
À l’heure du dessert, le serveur présente l’option "cochonne" du menu, une île flottante surmontée d’un effiloché d’amandes caramélisées. Bien que riche, cette plantureuse île n’est pas ensevelie sous un excédent de sucre. Un trottoir aux pommes fait aussi excellente figure et clôt un repas fort agréable.
Station F, c’est aussi:
-Un décor dans l’air du temps, dépouillé et de bon goût. Murs blancs, plafonnier en forme de globes qui diffusent une lumière douce, nappes immaculées et chaises en bois. L’endroit a misé sur de petits détails sympas, comme les serviettes de tables en coton posées nonchalamment sur la chaise, ou une collection de cruches multicolores, soupçon de coquetterie.
-Un service enthousiaste et courtois qui ne prend pas inutilement de grands airs.
-Un souci esthétique dans la présentation des plats, rare dans les établissements qui offrent de si petits prix. Dans des assiettes blanches et carrées, les couleurs des aliments se conjuguent avec harmonie.
-Une fenestration coulissante qui permettra de convertir le lieu en une presque terrasse le printemps venu, ainsi qu’une petite terrasse couverte côté jardin. On attend avec impatience les beaux jours.
Emballant
Chouette endroit où casser la croûte sans avoir à casser son p’tit cochon, la Station F risque de devenir une destination prisée des gourmets qui ne se résignent pas à débourser le gros prix en faisant de leur assiette quelques bouchées. La maison est généreuse, et les clients, repus.
Décevant
Peler des pommes de terre est sans doute l’une des tâches les plus disgracieuses dans une cuisine, ce qui fait que plusieurs restos se facilitent la vie avec des frites congelées, prêtes à être jetées dans l’huile. On suspecte les cuistots de la Station F de pécher par la facilité à ce rayon…
Combien?
Le midi, une table d’hôte d’une dizaine de choix est proposée. Pour deux personnes, avant les taxes, le service et l’alcool, la facture stagne à 30 $, une aubaine pour des assiettes aussi généreuses. En soirée, il faut compter environ 50 $.
Quand?
Ouvert tous les midis de la semaine, ainsi que les jeudis, vendredis et samedis soir.
Station F
3240, rue Rachel Est
514 504-9321