Je n’ai rien contre ces établissements typiquement nord-américains rassemblant, sur une même carte, un peu de tout ce qui se mange ici et là dans le monde, parfois accommodé à la propre vision "exotique" du chef. J’en apprécie même quelques-uns. Certains valent le détour, la plupart se cantonnent dans la bonne petite moyenne et me font pousser de hauts cris quand l’addition ressemble presque à une multiplication. C’est ce soir le cas. Je ne remettrai pas en question l’accueil, simple et gentil, ni le décor discrètement ponctué de plantes vertes et d’arrangements floraux. Des banquettes noires meublent la salle à manger et de hauts tabourets longent le bar. Et puis, il y a tous ces vitrages où le regard s’échappe au-delà des petits monticules de neige qui devraient bientôt faire place à une terrasse. Notre faim patientera, le temps de quelques gorgées d’apéro: un verre de shiraz (Lindemans) pour mon amie et une Belle Gueule "originale" qu’on m’a d’emblée servie en grand format. Plusieurs rubriques de la carte rappellent l’idée qu’évoque le nom du resto: "la rentrée", "la géographie", "l’histoire", "le latin", en plus des "burgers du monde" et autres. Ces derniers ont beau porter des noms de villes ou de pays, ils ne me tentent pas. Je retiens, parmi les entrées, des croûtons aux fondants de chèvre et me balade, pour décider la suite, entre les clubs (végé, cajun, etc.), les "grands croûtons" (poulet sauce vin blanc, poulet pesto, saumon fumé…) et les poitrines de poulet diversement apprêtées au miel et à la moutarde, aux épices cajun, à l’orange et fond de veau ou aux champignons et fond de volaille. La serveuse, toujours de bonne humeur, vient à trois reprises s’enquérir de nos préférences. Mais nous hésitons encore. Mon amie s’attarde du côté des filets de saumon et des pâtes à toutes les sauces, revient aux salades, s’égare et recommence. Une fois nos commandes enfin passées, nos entrées arrivent assez vite. Mes croûtons, tranchés de biais dans une baguette, reposent sur un lit de salade d’où émergent des olives vertes. Simples, chauds et bons; le chèvre qui les recouvre ne révèle ni acidité ni amertume. Mon amie – comme souvent – a préféré commencer par une petite salade verte mêlant poivrons verts, olives, tomates et julienne de carottes aux feuilles habituelles. La vinaigrette est aux fines herbes. L’attente est un peu plus longue, mais supportable, avant l’arrivée de nos plats de résistance. C’est une grande pizza (la "Pénélope") qui se pose en face de moi. Elle est, en principe, au bacon, fromage bleu et chèvre. "Heureusement que j’ai demandé de la saucisse en supplément…" Certes. Car, sinon, il n’y aurait pas grand-chose en fait de viande dans cette pizza. Le bacon? En cherchant un peu, on en trouve. Pour le reste, ça va: croûte mince, bon mélange de fromages… et ces rondelles de saucisse italienne qui vous réchauffent plus que le coeur. J’avais fini par opter pour une entrecôte. Sauce aux champignons ou au miel et porto? Cette dernière ne serait-elle pas trop sucrée? "Je vous apporterai à part un peu des deux", avait promis la serveuse. Promesse tenue, heureusement. "Je verrais très bien ça sur un pouding chômeur ou une tarte aux pommes", dis-je en goûtant à la sauce redoutée. "Tu exagères… un petit peu", répond ma compagne après y avoir goûté. Et on lui apporte, avec un peu de retard, le deuxième verre de vin qu’elle avait demandé (Miglianico). Quid de la viande? De qualité… courante. Bien grillée, d’un goût barbecuesque qui me plaît bien et assortie d’un petit récipient de mayo maison juché sur une montagne de frites. Autour et dessous, un mélange de légumes (champignons, brocoli, poivrons verts, etc.) qui ne transcende rien. En de telles circonstances, l’énumération des gâteaux (au fromage ou truffé au chocolat, etc.) nous laisse froids.
Au Bonnet d’âne
859, avenue Myrand
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: 418 681-2666
Plats de 7,95 à 17,95 $
Table d’hôte: 9,95 $ ajouté au prix du plat
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 70,44 $