Restos / Bars

Café des Artistes : Terrasse avec vue

Le Café des Artistes fait partie du paysage depuis fort longtemps, mais il n’avait jamais inspiré mes papilles curieuses. Voilà que l’arrivée d’un nouveau chef – et celle du printemps, peut-être – achèvent de me convaincre.

Combien sommes-nous à avoir toujours déploré la mauvaise exploitation de la rue Jacques-Cartier, longeant la rivière Gatineau avec une superbe vue sur Ottawa et le parc du Lac-Leamy? On se demandait qui attendait quoi pour en faire un lieu de rencontres à la hauteur de son paysage. Et puis, les choses se sont mises à bouger: on a enlevé les quais qui déparaient les berges et annoncé des investissements importants. Dans la foulée, les prix de l’immobilier ont commencé à grimper. Qu’à cela ne tienne, un jeune chef (Sébastien Degand), originaire de Montpellier et marié à une Québécoise, a décidé d’y acheter un petit café à la réputation quasi inexistante et d’en faire un lieu convivial.

La maison serait plutôt anonyme sans sa terrasse à la vue invitante; on prévoit même l’agrandir, mais c’est surtout à l’intérieur qu’il faudrait s’attaquer. Le rez-de-chaussée fait un peu bringuebalant dans l’aménagement: décoration bancale – pourquoi, pour qui, cet écran télé?? -, section arrière (où nous avons mangé) au plancher surélevé et plafond bas, qui ne plaira pas au claustrophobe, finition un peu bâclée. Une ambiance qui détonne avec l’imposant escalier en bois sombre qui mène à l’étage, où une salle pouvant accueillir 45 personnes semble avoir beaucoup plus de charme. On est accueilli par le chef proprio lui-même, qui n’hésite pas à sortir de ses cuisines pour venir à la rencontre des dîneurs. Notre serveur, Reynald, fait preuve d’une bonhomie que certains trouveront trop familière, mais qui s’avère finalement fort sympathique. On a d’entrée de jeu l’impression d’être des "habitués".

Le menu est tout à fait dans le créneau "bistro": salade de chèvre chaud, escargots gratinés, carpaccio, tartares, entrecôte, quelques poissons. Nous ouvrons avec des salades: pour lui, endives, fromage bleu et noix, fraîche, craquante, assez bien équilibrée; pour moi, une montagne de mini-roquette et pignons de pin (on annonçait du parmesan… mais je n’en ai pas vu la couleur…), surmontée de fines tranches de boeuf mariné et entourée de tranches tout aussi fines de bresaola (viande séchée italienne). Une entrée tout en saveurs, en textures, copieuse, mais très légère à la fois.

Je poursuis sur ma lancée "fraîcheur" avec un tartare de saumon: une belle portion relevée juste ce qu’il faut, servie avec un mesclun simplissime et des frites maison qui, malheureusement, manquent un peu de croustillant. Chéri y va de côtelettes d’agneau aux herbes de Provence dont la cuisson, rosée, est impeccable. Les quatre côtelettes sont assez généreuses et accompagnées d’une sauce aux champignons fort bonne… mais qui est presque superflue vu la fine saveur de la viande. En accompagnement, purée de pommes de terre et légumes sautés sont assez réjouissants.

Nous terminons gloutonnement avec de séduisantes profiteroles: une pâte à chou bien fraîche, une glace à la vanille savoureuse, un nappage de chocolat fondu décadent et des amandes grillées pour décorer le tout. De quoi nous accrocher un grand sourire…

Une cuisine bistro toute simple, qui ne décoiffera pas les moins intrépides, mais saura satisfaire la plupart des fourchettes. Côté prix, par contre, certains pourraient sursauter: un souper pour deux se montera à près de 75 $, avant vin, taxes et pourboire.

Café des Artistes
815, rue Jacques-Cartier
Gatineau
819 246-6489