Murs gris, pan de mur en pierres noires, miroirs, grandes baies vitrées, tel est l’essentiel d’un décor qui doit ses vraies notes de couleur aux tableaux du peintre Daniel Marcoux décorant la pièce et aux petites lampes tombant du plafond blanc. Ajoutons à cela le rose des briques de la cheminée et celui des oeillets qui vous sourient à chaque table. Le service se révélera aussi poli et souriant que l’accueil. Pour l’ambiance, de la grande musique: Valse en do dièse mineur de Chopin, Le Lac des cygnes, puis d’étourdissantes envolées de Strauss, puis un air de Bizet… Mon invitée se commande d’emblée une Köstritzer, bière noire tout de même légère, assortie du slogan "Das original". Une Bitburger me convient mieux. Nous levons donc nos verres: Prost! Et nous voilà errants parmi les Szegediner Goulasch (cubes de boeuf en choucroute) accompagnés de pâtes maison (Spätzle), rôti de boeuf (sauce vinaigre et crème), escalope de porc, Königsberger Klopse (boulettes de viande et sauce aux câpres), roulade de boeuf… Petites hésitations du côté des saucisses viennoises, ragoût de poulet au curry, poisson pané sauce tartare, filet de poisson sauce moutarde… La carte rappelle que, depuis le Moyen Âge, une loi garantit en Allemagne la qualité des saucisses, et notre serveur nous assure que le resto s’approvisionne auprès d’un charcutier allemand de Lacolle. Incidemment, deux, trois fois, je lorgne en direction des choucroutes, mais je suis invariablement attiré par les jambonneaux (hmm!), dont le demi (Halbe Haxe), grillé, servi avec choucroute et boulettes de pommes de terre. Mais, ceux-là, il faut les commander deux ou trois heures d’avance. Déjà certain que je ne prendrai aucune entrée, je souhaite néanmoins que mon invitée en demande une. Cela me permettrait de goûter au consommé (garni d’oeufs et de boulettes) ou à la soupe de crêpes (Flädelsuppe)… Quelques minutes plus tard, la porte des cuisines s’ouvre, livrant passage à un essaim d’odeurs chaudes auxquelles mon estomac réagit par un discret ronronnement. Des assiettes se posent sur la table voisine, copieuses, comme le seront les nôtres que nous voyons bientôt arriver, chaudes et invitantes. Mon invitée avait fini par se décider pour une grosse saucisse hongroise (de Debrecen) délicieusement épicée, posée sur un lit de choucroute d’autant plus agréable qu’on n’y décèle presque aucune acidité. Et l’incontournable petit récipient de moutarde forte dont vous pommadez généreusement chaque bouchée. D’où l’urgence d’une deuxième Köstritzer. Pour moi, cette fois, ce sera seulement un verre d’eau. Question boisson, je veux dire, car ce n’est pas aujourd’hui que je vais me mettre à jeûner. Ma Wiener Schnitzel remplit toute l’assiette. Il s’agit d’une grande escalope de veau à la viennoise, c’est-à-dire pannée, accompagnée de pommes de terre rissolées maison (avec lardons et oignons blancs) et d’une petite salade de concombre (tranches fines, mouillées de vinaigrette délicate et parsemées d’aneth). La panure est un peu épaisse, la viande de bon goût et les pommes de terre, bien assaisonnées. Nous mangeons avec entrain. L’appétit s’en porte bien, très bien. Si bien que notre serveur n’en revient pas quand, après avoir razzié mon assiette, je commande le dessert que j’avais dès le début remarqué sur la carte. D’ailleurs, il croit même que je plaisante. Eh non!… Grande assiette, crêpes en morceaux semés de sucre glace et, à ma droite, une petite assiette présentant un récipient de compote aux pommes et un autre plein de sucre à la cannelle. Ça tombe bien, j’adore la cannelle. Donc, je me dis que la modération a bien mauvais goût. La crêpe est délicieuse. Les morceaux disparaissent trop vite – et pas seulement parce que je m’en laisse chiper deux ou trois par mon invitée. Après? Il ne faudrait surtout pas oublier le café… Ah, si la marche n’existait pas, il faudrait l’inventer!
Restaurant allemand
303, rue Saint-Paul
Québec (Québec)
Téléphone: 418 694-2466
Menu du jour: 11,95 $
Plats à la carte: 9,95 à 17,95 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 58,57 $