Restos / Bars

Maison Samorn : Un peu de bon thaï

La Maison Samorn s’est inscrite dans une certaine "invasion thaïlandaise" qui avait mis une note de piquant sur les tables du Vieux-Hull. Retour sur un des survivants de ce virage épicé!

2002. En l’espace de quelques mois, pas moins de trois nouveaux restaurants thaïlandais voyaient le jour au centre-ville de Hull. On les trouvait un peu téméraires de s’aventurer tous à la fois dans le même créneau. L’Orchidée thaïe n’aura pas fait long feu, mais les deux autres confondirent les sceptiques. La Maison Samorn est de ceux-là.

Le bâtiment, qui fait le coin des rues Kent et Victoria, offre un décor métissé: on sent la tradition française des anciens occupants (La Soupière, puis le "petit frère" du Tartuffe, dont le nom m’échappe tout à coup…) dans les teintes douces et les boiseries, et la tradition thaïlandaise dans les éléments de décoration colorés… et parfois un peu kitsch, comme les guirlandes de fleurs en plastique!

L’accueil, assuré par l’unique serveur, se fait attendre; on sent que les deux grosses tablées arrivées en même temps le débordent un peu. Mais le repas se déroulera dans la convivialité et l’enthousiasme. Nous choisissons la terrasse, en cette chaude soirée du début juin. Je suis un peu déçue d’y retrouver des meubles de patio en résine blanche qui font cour de banlieue: la terrasse étant couverte, un ameublement plus élégant ne souffrirait aucunement des assauts de dame Nature.

Notre esprit décisionnel étant affecté par une grosse fatigue et pas moins de 75 plats au menu, nous nous rabattons sur la table d’hôte pour deux. En entrée, nous choisissons une salade, mélange de laitue, chou et carottes émincés garni de quatre grosses crevettes et arrosé d’une vinaigrette fraîche et légèrement sucrée, et une soupe Tum Yum Goong, bouillon épicé et bien parfumé de citronnelle, dans lequel nagent crevettes, champignons et mini maïs en tronçons. Un heureux début que suivent des rouleaux de printemps frais et croustillants.

Sur les six plats proposés en table d’hôte, nous devons en choisir trois. Nous y allons d’un cari rouge au poulet, d’un plat de crevettes et, pour un petit supplément de 2 $, je troque le riz frit pour un pad thaï. Celui-ci arrive en premier: il est savoureux, juste assez relevé, abondamment garni de poulet, d’oeuf, et décoré d’arachides grillées. Je suis, par contre, un peu étonnée et déçue de voir que les germes de soya (annoncés au menu) sont ici remplacés par des bouquets de brocoli et de chou-fleur… Le plat de crevettes me laisse plutôt froide: crevettes, tomates, oignons, poivrons verts et rouges et ananas baignent dans une sauce légèrement sucrée qui manque d’éclat. Et bon, je l’avoue, je ne suis pas très ananas…! Le cari rouge au poulet, par contre, joue d’un très bel équilibre, bien relevé sans anesthésier les papilles. Le poulet y fraie avec des poivrons et des pousses de bambou en julienne et la sauce est abondante, question de nous laisser le plaisir d’en napper notre riz.

Nous voilà repus… mais comment résister au dessert que nous vante avec entrain notre serveur?! Nous partagerons donc une banane frite absolument délicieuse dans sa pâte tellement craquante qu’elle en est presque feuilletée. Un petit bonheur tout chaud dont on double le plaisir avec une boule de crème glacée et… du sirop d’érable bien de chez nous!

Si l’ambiance générale du lieu est un peu bancale, la cuisine se défend bien. Et un très copieux repas pour deux va chercher une soixantaine de dollars, avant taxes et pourboire.

Maison Samorn
53, rue Kent
Gatineau
819 595-0232