Pour qui y a habité ou y habite encore, le constat est plutôt navrant: Aylmer, banlieue au charme villageois, a rarement réussi à faire vivre autre chose que des buffets chinois douteux et autres Tim Hortons. Quelques petits cafés y tentent leur chance, mais bien peu passent le test des années.
Le dernier à avoir fait jaser était Le Créno, mais sa cuisine inégale nous avait laissées sur notre faim. Sa fermeture faisait craindre que l’ancienne caserne qu’il occupait retourne à l’abandon. Mais voilà que, dans la foulée d’une autre fermeture – le Bistro 1908 -, un de ses chefs soudainement au chômage décida d’investir ce lieu sympathique. La salle est de taille modeste, mais s’agrandit d’une mezzanine. La hauteur de plafond rend l’espace un peu écho, mais crée du même coup une atmosphère pleine de vie. Les grandes portes de garage ouvrent sur une petite terrasse non-fumeur à l’avant; une grande terrasse accueille les fumeurs sur le côté de l’édifice.
Daniel, notre chef retrouvé, s’est allié quelques comparses, dont un certain Giuseppe qui est allé fouiller dans les recettes familiales pour l’élaboration du menu, tout italien. Un troisième associé s’est joint au trio, en plus de Richard, ex-serveur du 1908, enthousiaste et professionnel. Menu italien… Corde sensible, si j’en ai une! La cuisine italienne peut être d’une simplicité et d’une finesse déroutantes… quand elle n’est pas noyée sous la mozzarella caoutchouteuse!
Nous commençons avec, en entrée, les calmars frits, aïoli safrané et une petite salade de verdure. Les premiers pèchent par une panure lourde qui dissimule une mince tranche de calmar un tantinet résistante; l’aïoli est bien onctueux, mais l’ail domine nettement le safran. La salade est un tout simple mesclun arrosé d’une vinaigrette balsamique tout ce qu’il y a de simplissime. Un départ correct, mais pas renversant.
Le menu offre quelques plats de viande – veau, poulet, filet mignon… -, mais nous nous sentons l’âme à la tendresse… des pâtes maison! Les gnocchis à la Genovese proposent une copieuse assiette de ces petits dumplings de pommes de terre joufflus et al dente, nappés de pesto, tronçons de saucisse italienne, tomates fraîches et oignons rouges. L’ensemble n’est pas transcendant mais tout à fait satisfaisant. J’y vais pour ma part d’un plat hautement réconfortant, les linguini puttanesca. J’aime ensoleiller les journées de grisaille avec cette sauce tomate qui mêle anchois, olives noires, câpres et piment, pour un ensemble goûteux et un brin épicé. Les pâtes sont cuites à la perfection, la sauce franche et bien concentrée… mais un peu trop salée. Câpres au sel mal rincées? Anchois pas assez dessalés? Qu’à cela ne tienne, je ne me ferai pas prier pour racler le fond de mon assiette!
On aurait bien voulu plonger nos fourchettes dans un crémeux tiramisu… mais le trop-plein était atteint. Nous remballons donc, prêts pour une petite balade digestive jusqu’à la rivière, après avoir été délestés d’un maigre 40 $ pour deux, avant vin, taxes et pourboire. Les prix fort raisonnables qu’on pratique ici, jumelés à une cuisine plutôt réjouissante malgré quelques défauts, font d’Ambrosia un favori du coin. Réservations recommandées en fin de semaine!
Bistro Ambrosia
100, rue Principale
Gatineau (Aylmer)
819 682-5333