Restos / Bars

Le Lambi : Sortir de sa coquille

L’occasion de manger du lambi à Montréal est plutôt rare. Pour goûter à ce mets antillais de choix, il faut être prêt à s’aventurer hors de son circuit gourmet habituel.

Coincé entre un bureau de dentiste et un salon de coiffure dans le quartier Saint-Michel, ce snack-bar antillais, ouvert début avril, se résume à un comptoir vitré où fument des réchauds et à quelques tables carrées de mélamine brune. L’endroit est humble. Les coudes appuyés sur des napperons de plastique, nous détaillons la murale, où une conque géante – le lambi – flotte au-dessus de la mer. Dans un coin, un téléviseur diffuse un film créole, sous-titré en anglais, qui a pour mission de nous aider à tuer le temps durant l’attente d’être servi. Ici, il ne faut pas être pressé. La chaleur est telle que le ventilateur sur pied n’arrive pas à la dissiper. Des clients entrent et sortent, avec leur "take out" sous le bras. Pas le choix, on adopte le beat des Îles et on patiente.

À table!

Pour démarrer ce repas d’insulaire, nous partageons des acras faits de morue et de malanga, un légume racine. De forme allongée, la pâte est bien frite et croustillante. On se régale. Pour poursuivre, nous essayons évidemment le plat de lambi, ce crustacée qui se cache dans ce gros coquillage rose nacré que l’on place sur l’oreille des enfants en leur racontant qu’ils peuvent y entendre le chant de la mer. Extirpé de sa coquille et apprêté dans une sauce aux tomates très pimentée, le mollusque révèle un goût particulier qui s’apparente à celui du homard. La chair, découpée en gros morceaux, est ferme sans être caoutchouteuse. C’est très bon. Ne serait-ce que pour ce plat, l’expérience vaut le détour. Les kamikazes de la papille pourront hausser le taux de piquant en y ajoutant un peu de piklise, un condiment antillais fait de chou et de carottes râpés, et de piment. Après avoir goûté au griot – des cubes de porc frits dans l’huile -, nous optons pour des cuisses de poulet. Dans les deux cas, les viandes sont sèches à l’extérieur, mais tendres à l’intérieur, résultat de leur séjour en réchaud. En accompagnement: un riz aux haricots rouges, deux médaillons de banane plantain et une salade de laitue Iceberg à laquelle sont mélangées des lamelles d’oignon rouge et de poivrons vert et rouge. Une vinaigrette italienne vient à part, dans des barquettes de marque Kraft. Trouver l’erreur! On se désaltère avec un jus de goyave et un Malta créole, une boisson de malt et de houblon sans alcool, dont le goût amer-sucré n’est pas désagréable du tout.

Petites douceurs

Lors de notre passage, aucun dessert n’était prêt. On y retournera pour goûter au pain patate, un gâteau créole à base de patate sucrée qui, selon un chauffeur de taxi haïtien interrogé, est délicieux.

Décevant

L’entretien de la salle de bains, qui laisse à désirer.

Emballant

On y découvre une tranche de vie de la communauté haïtienne de Montréal: journal local, film, faune colorée, carton d’invitation pour soirées chaudes… et le légendaire sourire convivial des créoles.

Combien?

Vraiment pas cher: deux petits billets de dix pour deux, avant taxes et pourboire.

Quand?

Du lundi au samedi, midi et soir.

Adresse

2517, rue Jean-Talon Est
Montréal
514 678-7042