Le mambo est une danse cubaine à deux temps. Mambo fait aussi dans le deux temps: du bon… et du moins bon. Dernier-né des propriétaires des Kinki, Helsinki et autres établissements un peu "m’as-tu-vu" du marché, il occupe l’espace du défunt Médithéo. Encore une fois, on n’a pas regardé à la dépense pour revamper la place: murs de crépi aux couleurs de terre et de feu, luminaires colorés et piments géants accrochés au mur. Le coup d’oeil est chaleureux. Une sympathique mise en scène pour une cuisine inspirée de l’Amérique centrale et du Sud.
L’accueil est vif, professionnel et tout aussi coloré que l’endroit. Le service, un peu flagorneur, manque souvent de fini en voulant trop faire dans le convivial sans chichi aux accents macho. Quand nous déclinons l’apéro, on nous retire la carte des vins qu’il faudra réclamer à nouveau; on renverra vite au bar un verre à vin mal lavé (je préfère mon rouge à lèvres à celui des autres!); on nous bouscule – sans s’excuser – chaque fois qu’on passe entre les tables… C’est que la terrasse est petite, et en ce chaud mercredi soir les dîneurs veulent tous éviter la salle trop climatisée… et insupportablement bruyante: les mercredis et jeudis, on y présente des concerts live. L’idée est sympathique – tout comme la Cubaine de Chelsea Caridad Cruz, qui y chante ce soir-là -, mais le concept mérite d’être peaufiné: à l’intérieur, la musique est assourdissante; à l’extérieur, on l’entend à peine. La pauvre Caridad se retrouve donc à chanter devant des tables vides…
Nous ouvrons le repas avec une combinaison de tapas, de loin l’étape la plus réussie de la soirée. L’assiette Mambo est composée des choix du chef: boulettes de riz au fromage frites et dodues; brochettes de filet de boeuf; crevettes légèrement panées et sauce puissamment relevée; pinces de crabe; salade de chou épicée; aubergines marinées. Pain plat et salsa font aussi notre bonheur. La présentation est invitante, mais les plats sont un peu encombrants sur les petites tables extérieures.
La suite sera plus inégale. Un filet de boeuf à la moutarde de Meaux est fondant et cuit à la perfection. Il est accompagné de crabe à carapace molle pané et frit, d’un aïoli bien relevé et de légumes grillés (aubergines, courgettes, poivrons, pommes de terre). Mais l’ensemble, correct, manque de punch. Même constat pour le riz frit latino… De belles crevettes et deux pétoncles sautés, des oignons caramélisés, des poivrons grillés et des aubergines marinées se mêlent à un riz franchement pas assez cuit, d’un croquant qui devient pâteux en bouche. Les parfums sont intéressants, mais pas assez pour sauver le plat.
Un peu fatigués du tumulte ambiant et largement repus, nous mettons ici un terme à cette virée latino. Un souper pour deux, sans dessert, et avant vin, taxes et pourboire, se montera à près de 90 $… Les prix sont ici nettement plus épicés que la cuisine!
Mambo Nuevo Latino
77, rue Clarence
Ottawa
613 562-2500
www.mambonuevolatino.com