Restos / Bars

Ichibei : Mangez zen… vivez heureux!

Ichibei est de ces restos dont on ose à peine parler, de peur qu’ils soient pris d’assaut. De ces havres de paix qu’on voudrait garder juste pour soi…

Un resto minuscule, presque anonyme. Une porte, une grande fenêtre ronde décorée de bois, une enseigne discrète. C’est tout ce que vous verrez de l’extérieur. Et l’intérieur est tout aussi simplissime: murs blancs, cloisons à claire-voie en bois blond, une dizaine de tables, tout au plus, et un modeste bar à sushi. On a l’impression d’être tout de suite coupé du rythme effréné de la vie urbaine, surtout à l’heure du lunch, quand rues et trottoirs sont envahis par les voitures et les travailleurs.

Dès qu’on passe la porte, les salutations fusent – en japonais! – de tous les coins de la salle. Une dame posée et souriante, cheveux poivre et sel remontés en chignon, kimono sobre et zoris aux pieds (sandales japonaises) nous assigne une table. On a envie de chuchoter tant l’endroit est paisible!

Tout au long du repas, notre serveuse sera affable et absolument charmante sous ses airs de poupée de porcelaine. Nous y allons d’un peu de saké, servi dans une petite bouteille en forme de sympathique bouddha. Sans trop me pencher sur le reste du menu, je m’empare de la feuille plastifiée au titre on ne peut plus français – "À la carte" – qui propose des petits plats qu’on pourrait comparer à des tapas. Chéri, un peu perplexe devant les traductions peu invitantes, se rabat sur la confiance aveugle qu’il me voue en matière de gastronomie! Qui, sur la base d’une description aussi "plate", oserait s’emballer devant des "épinards bouillis et refroidis"?! Et pourtant…

On nous apporte d’abord le plat de tempura: deux grosses crevettes et quelques légumes – aubergine, patate douce, courgette – ont été traités avec soin. La pâte est légère, la cuisson parfaite. Suivent, pêle-mêle, des dumplings au porc fins et fondants; un bol d’agedashi dofu, gros cubes de tofu frits baignant dans un bouillon subtil et garni de flocons de bonito (thon séché); une "croquette" ou kurokke, ce qu’une amie qualifie de "pâté chinois japonais", le comfort food de son enfance: de la purée de pommes de terre est farcie de viande ou de légumes, modelée en beignet, passée dans une chapelure légère et frite. Et on sert le tout avec une sauce à base… de ketchup! Nous poursuivons ces agapes avec les fameux épinards! Délicatement cuits et formés en fagot, ils sont décorés de graines de sésame, de flocons de bonito et arrosés d’une sauce fine et légère: la simplicité a tellement meilleur goût! Nous terminons avec des sushis. Ici, la carte est tout ce qu’il y a de classique; n’y cherchez pas de combinaisons exotiques où fromage à la crème et quartiers de mangue se font la cour! Du riz bien fait, des poissons frais, quelques légumes, c’est presque tout. Nous y allons donc de makis au thon et de makis au saumon épicé, de loin les plus goûteux qu’il m’ait été donné de manger! Pour clore le repas sur une note sucrée, nous partageons une crème glacée au thé vert garnie de quelques cerises fraîches.

Nous quittons, les yeux, les papilles et l’âme heureux! Et le portefeuille allégé d’un modeste 50 $ pour deux, avant saké, taxes et pourboire. Le bonheur est si simple…

Ichibei
197, rue Bank
Ottawa
613 563-2375