Restos / Bars

La Noce : Et ils vécurent heureux…

Plus sereine que jamais, La Noce a entamé sa deuxième année d’existence avec un optimisme propre à la jeunesse et l’expérience d’un chef qui n’en est pas à ses premières armes.

Agrippée à la rampe métallique, une vigne s’élance du bas de l’escalier et nous précède jusqu’au haut des marches. À peine avons-nous franchi la porte qu’on vient nous accueillir avec cette courtoisie que j’avais déjà notée lors de ma première visite. À ce moment-là, je ne pouvais imaginer ce que serait le décor. Aujourd’hui, je constate qu’il reste on ne peut plus sobre, mais agréable et confortable. Le temps de saluer deux amies attablées dans la première partie de la salle à manger, nous voilà installés en bordure d’une fenêtre, tout au fond de la pièce. Près de moi, sur l’un des murs vert pâle, des bouteilles fusionnent en une sculpture de verre assez originale. Dans le passage menant aux dépendances – bar, cuisines et autres -, un grand miroir encadré trône au-dessus d’une table dressée. Une flûte de mousseux italien (Prosecco) et un verre de rosé (VDP du Val de Cesse, Le Petit Chaperon rose, 2006) suffisent à nous mettre en appétit. La carte prend le relais et nous propose, en quelques rubriques, tous les moyens d’exorciser une faim qui se précise. La "formule" adoptée dès le début par ce restaurant n’a pas changé dans le fond: l’un ou l’autre des mets peut être pris comme entrée ou comme plat principal. Sur le plan des nouveautés, on découvre le "Combiné du chef", en guise de table d’hôte, et des produits du terroir qui, nouveaux ou pas, semblent avoir "re-lancé" l’inspiration du chef Martin Guillemette. Ainsi, la carte nous mène, recto-verso, du pain de viande "La Noce" à la salade de calmars marinés et brochette de crevettes grillées, puis du tartare de saumon à l’omble chevalier fumé et aux penne piccole sauce rosée et saumon rôti. À quoi on ne saurait manquer d’ajouter la joue de veau braisée, le cobia grillé, la salade tiède de pétoncles et bisque de homard. Une seconde lecture, et je tombe en arrêt sur la "saucisse de chèvre gratinée à la tomme des Joyeux Fromagers". N’osant me réjouir trop vite, je demande s’il s’agit bien de viande de chèvre – disons, de chevreau -, ce qui ne court pas les tables de Québec. Oui? J’opte. Peu prévoyant, tout de même, je commence par une crème de carottes trop délicieuse pour être négligée – d’un beau jaune orangé, nervurée d’un long coulis d’huile d’olive et "épicée" de tout petits brins de zeste. Je me laisse aussi tenter par de chauds petits pains maison au blé entier – qui n’ont rien à voir avec les pains de masochiste qui vous raclent la langue et vous laissent de la sciure entre les dents. Trop bon, quoi! Mon amie déguste pieusement sa salade d’ailes de poulet laquées au gingembre. J’en apprécie moi-même, puisque j’y goûte, la tendreté et la saveur un peu sucrée relevée de gingembre. Des frites allumettes accompagnent cela. Quand je songe à laisser un peu de place pour la suite, il est déjà trop tard. On ne se corrige pas! Mon bol de soupe est presque vide et la corbeille de pain ressemble à un domaine razzié. Quand arrive ladite suite, j’évite de la regarder. La mienne, du moins. Celle de mon amie ressemble à un gâteau au chocolat. C’est en fait un pain de viande "La Noce", au filet mignon, nappé d’un épais ketchup aux fruits. Je n’en prends pas plus qu’une, mon assiette m’attend. Mon caquelon, plutôt. Trois tronçons de saucisse de chèvre qui vous inspirent d’emblée un seul adjectif: robustes! La tomme fond dessus et coule un peu partout, sur une branche d’orpin, un brin de pimprenelle, une carotte grillée, des pleurotes, des petits oignons blancs, des tiges de "bambou québécois", un gros quartier de Yukon Gold … La saucisse est robuste et dense, mais pas du tout coriace. Le goût vaguement sauvage de la chèvre s’atténue et se nuance au gré des bouchées, s’estompe presque quand j’y mêle un peu de ce cassoulet qui tient lieu de sauce à ce mets. Onctueux, savoureux et aussi surprenant qu’inattendu, le cassoulet aurait cependant gagné à cuire quelques minutes de plus: les haricots y auraient gagné en moelleux. Je traînasse comme je peux, réduisant, espaçant les bouchées, mais l’inévitable… porte bien son nom. Je n’en peux plus. Pour un peu je me ferais des excuses, mais choisis plutôt de me consoler en douceur. Une crème catalane au sirop d’orgeat, imaginez! Pouvais-je laisser passer ça?

La Noce
102, boulevard René-Lévesque Ouest
Québec (Québec)
Téléphone: 418 529-6646
Table d’hôte "Combiné du chef": 29 $Entrées et plats de résistance à prix variés
Menus du jour: 13 à 17 $
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 63,24 $