Sur la rue défilent des travestis en cuissardes et en jupette de cuirette. À l’intérieur, des minifigurines de Betty Boop, mises en scène dans des cadres démesurés, font face à un mur de rayures multicolores. C’est dans cet environnement haut en couleur que le chef-propriétaire André Loiseau a choisi d’ouvrir son premier resto. Il a élu domicile dans un quartier "coloré", certes, mais pas nécessairement réputé pour ses bonnes tables. C’est que le chef cultive une foi inébranlable pour son établissement qui, espère-t-il, attirera un jour les foules. Pour l’instant, 10 mois après son inauguration, il y a des soirs où les clients se font rares. Et pourtant, tous les ingrédients sont réunis pour en faire un rendez-vous de gastronomes: une déco élégante et audacieuse, des accessoires de table choisis avec soin, un personnel connaisseur et des produits frais du marché amalgamés avec savoir-faire et créativité.
À table!
D’entrée de jeu, nous nous laissons tenter par un foie gras de canard poêlé et un feuilleté aux escargots. Le premier est accompagné par une compote d’oignons, des lamelles de poire et deux tranches de pain d’épices maison. Le tout est moelleux et délicieux, quoiqu’un peu trop sucré à notre goût. Le deuxième est bien équilibré: pâte feuilletée, sauce et aromates qui rehaussent les petits mollusques. Pour le plat principal, nous optons pour la fricassée de homard à l’orangette. Parce que la saison s’achève et que c’est une des dernières occasions d’en déguster du frais, et parce que la bestiole est déjà décortiquée (ce qui nous évite d’utiliser des outils pour manger et d’arborer une bavette ridicule…). Ferme et goûteux, le roi des crustacés est à la hauteur de sa réputation. Ici, il est parsemé de zestes d’orange et accompagné par du riz et quelques légumes-décoration, dont un morceau de poivron rouge et de courgette. Le chef, français d’origine, a bourlingué en France et au Québec. Le Marché Central lui sert de grande surface pour faire son épicerie et le marché Saint-Jacques, juste à côté, de dépanneur. Avec des produits frais à la portée de la main à longueur d’année, il se permet de changer sa table d’hôte chaque semaine. À la demande générale, deux plats par contre résistent aux changements: le tartare de saumon et la bavette à l’échalote confite. Après avoir essayé cette dernière, nous pouvons témoigner de sa tendreté. Encore là, la sauce est un peu trop sucrée à notre goût. De toute évidence, le chef a un faible pour les saveurs salé-sucré. Mais nous oublions rapidement ce petit inconvénient, tout absorbés par Olivier, le serveur passionné qui nous fait découvrir de bons vins.
Petites douceurs
Tarte Tatin, nougat glacé, moelleux au chocolat, soupe aux fraises: tous les desserts sont faits maison, sauf les sorbets, fournis par le Bilboquet.
Décevant
Même si la carte des vins offre des produits intéressants en importation privée ou en spécialité, on aimerait avoir plus de choix. Autre déception: peu importe le plat, ce sont toujours les mêmes légumes qui sont proposés.
Emballant
Le chef, jovial, qui vient piquer une jasette avec les clients à la fin du repas.
Combien?
Pour deux, avant taxes et service: environ 50 $ le midi et 90 $ le soir.
Quand?
Du mardi au vendredi, midi et soir, et le samedi, le soir seulement.
Adresse
1159, rue Ontario Est
Montréal
Tél.: 514 313-8019
Info: www.monquartier.ca/carteblanche