Un vent de fraîcheur souffle sur Les Fougères et c’est pour le plus grand bonheur des dîneurs, nombreux à célébrer cette belle table de Chelsea. La cuisine fait toujours la part belle aux produits saisonniers et locaux, mais une petite touche asiatique, amenée par un nouveau sous-chef, ajoute au menu une belle légèreté. Ce mélange des influences, sans tomber dans la fusion galvaudée, s’applique à mettre en valeur les saveurs d’ici. De beaux mariages qui réjouissent les yeux et les papilles.
Mais le premier plaisir des yeux, quand on vient aux Fougères, c’est la beauté du site: la chaleureuse maison est sise à l’orée d’un boisé et au milieu d’un magnifique jardin où cohabitent fleurs, légumes et fines herbes. Des sentiers sont aménagés pour encourager la balade, toujours bienvenue avant de passer au dessert! La grande terrasse est entièrement fermée de moustiquaires, nous permettant de manger dehors sans jouer les chasseurs de moustiques. Le temps se rafraîchit avec le coucher du soleil? Qu’à cela ne tienne, on nous offre généreusement de douillettes couvertures à mettre sur nos épaules. Une petite pensée qui devrait inspirer les établissements surclimatisés qui sont légion en ville…
Côté service, justesse du ton et professionnalisme sont au rendez-vous. On y va d’explications et de conseils judicieux, toujours soucieux d’offrir au client une expérience réjouissante.
Pour ouvrir, un potage aux épinards garni de gingembre mariné maison et de crabe des neiges de Terre-Neuve offre une belle entrée en matière. La texture fine du potage et la douce saveur du crabe sont relevées par le gingembre croquant et bien goûteux. Un énorme pétoncle des Grands Bancs et des crevettes "en chemise" sont servis sur une sauce au soja noir qui ajoute une petite touche d’exotisme.
La suite est tout aussi joyeuse avec une caille de l’île d’Orléans – ou plus justement trois suprêmes de cailles bien dodus et tendres -, le tout désossé, à notre plus grand bonheur, et servi avec des petits légumes de saison à peine croquants. Dans l’autre assiette, une belle pièce de bison réjouit mon carnivore. La viande saignante est servie sur une chiffonnade de radicchio et accompagnée de pommes de terre grelots aux fines herbes. Ce qui aurait pu être un plat lourd pour la belle saison s’avère très habilement équilibré par la légère amertume et la finesse du radicchio.
On conclut en partageant une marquise au chocolat merveilleusement moelleuse et décadente qui donne lieu à un vorace bal de fourchettes.
À noter aussi la très belle carte des vins, qui offre une bonne sélection au verre, au demi-verre, et même au volume. On sent derrière tout ça l’influence de la sommelière Véronique Rivest, récemment nommée Femme du vin 2007, dans le cadre de la Compétition internationale de la sommellerie, à Paris…
Un repas sans faux pas qui se monte à un peu moins d’une centaine de dollars pour deux, avant vin, taxes et pourboire. Un plaisir qu’on a tout de suite envie de renouveler.
Les Fougères
783, route 105
Chelsea
819 827-8942
www.fougeres.ca