Certains ne jurent que par leurs brunchs toujours surprenants. D’autres y vont pour leurs sandwichs copieux et originaux, leur jambalaya enflammé ou leurs salades fraîches et colorées. Enfin, plusieurs s’y agglutinent, en été, pour flâner dans la cour intérieure qu’on partage avec Social, Mama Grazzi et autres Courtyard. Bref, toutes les excuses peuvent mener au Black Tomato.
Le décor est sobre: murs blancs, chaises blanches, photos noir et blanc. Le tout noyé d’une belle lumière naturelle qui entre par les grandes fenêtres donnant sur la rue ou sur la cour. La musique occupe toujours un espace de choix, relent du défunt Shake Records, la précédente incarnation des proprios. On ne s’étonnera donc pas de retrouver, près de l’entrée, un présentoir de disques, généralement des importations assez rares, qui pourront piquer l’intérêt du mélomane.
Côté service, on fait dans le sympathico-relax: plein de gentillesse, mais un peu à la va comme j’te pousse. Devant l’absence de menu en français, cause de frustration pour garçonnet, on nous envoie en renfort une serveuse francophone. Belle attention, mais un peu futile puisqu’il nous faudra quand même tout traduire nous-mêmes.
La page d’introduction du menu sera la source de discussion tout au long du repas: on peut y lire le témoignage d’un ancien chef de l’endroit… non voyant. Celui-ci a maintenant sa petite compagnie, Blind Brother’s Inc., qui concocte certaines des sauces et vinaigrettes qu’on trouvera dans nos assiettes et qui sont aussi vendues sur place. Pour nous aider à imaginer le défi qu’il a dû relever pendant des années, il nous recommande ceci: "Fermez les yeux… et cuisinez pour 50 personnes!"
Devant l’éclectisme débridé de ce menu, nous sommes tous trois un peu hésitants. J’attaque donc avec des beignets de crabe: moelleux, à la saveur délicate, les deux gros beignets sont nappés d’une rémoulade à l’aneth et aux câpres, alors que l’assiette est décorée d’une sauce bien pimentée, pour ceux qui aiment ajouter du piquant à leur vie. Mes hommes se partagent des petits chaussons de pâte feuilletée qui fleurent bon le beurre et laissent échapper un brie fondant. On peut rehausser d’un peu de chutney à la mangue.
Après ma copieuse entrée, je poursuis avec une salade: un chèvre chaud en croûte de pacanes se vautre sur un lit de champignons sautés, d’épinards et de romaine (on annonçait des mini-laitues, mais bon…); le tout est arrosé d’une vinaigrette balsamique et accompagné de pointes de naan grillé. En cette chaude journée, mes compagnons décident d’y aller simplement de sandwichs: poulet fumé, sauce BBQ et fromage suisse fondu pour le petit; boeuf mariné, sauce chili, oignons caramélisés et brie pour le grand. Chaque assiette est complétée d’une petite salade et de pommes de terre rôties aux herbes; l’ensemble est goûteux et généreux.
L’addition se montera à plus de 60 $ pour trois, avant consommations, taxes et pourboire. Un peu salé pour un repas coloré, mais somme toute fort simple. C’est le prix à payer pour manger au coeur du marché…
Black Tomato
11, rue George
Ottawa
613 789-8123
www.theblacktomato.com