Restos / Bars

Renoir : Impressionnisme raté

La vie de chroniqueur restaurant passe par des hauts et des bas. Évidemment. Des hauts, souvent. Il est si agréable de découvrir ces petites tables pour lesquelles chefs et proprios se démènent. Des bas, parfois. Qu’est-il arrivé ce soir-là?

La soirée s’annonçait belle. Soleil, chaleur et belle terrasse en perspective. En plein coeur de Montréal. Le Renoir est le restaurant de l’hôtel Sofitel, sur la rue Sherbrooke. Gratte-ciel élégant pour cette chaîne française qui soigne ses clients. Au pied de la tour, Renoir est installé dans une grande salle, aux tonalités sombres, sobres et élégantes. Un coin lounge pour amateurs de cocktails, des tables espacées et confortables. De la classe. Dehors, la musique techno-pop envahit l’espace clos, cintré de hautes tours. Pas mal de monde dès 19 heures; l’anglais semble de mise à table. Ce restaurant d’hôtel est immanquablement fréquenté par des touristes. Service? Aimable, efficace. La carte, séduisante.

À table

Première surprise: le prix des vins au verre. Minimum: 11 $. Facilement: 14 $. La carte est, certes, riche en bons crus, mais faut pas pousser. La deuxième: une jolie mise en bouche, tataki de boeuf (succulent) sur purée d’avocat. Flûte! trop salée.

Les plats sont alléchants: des énoncés descriptifs, des ingrédients intéressants, parfois même surprenants. Qui commencent avec cette "Terrine de foie gras, consommé en gelée, soufflé de pommes et salade de céleri". Vite, le plat est chaud, la terrine fond. Bonne préparation, cependant. Aux alentours: du céleri cru, grossièrement tranché, sur un consommé de boeuf en gelée peu subtil. Inattendu: le soufflé de pommes est un shooter rempli d’une mousse presque liquide. Au vague goût de pomme verte. Chef, où sont les saveurs?

L’autre assiette est aussi très chaude. Pour accueillir une "tarte fine de tomates et courgettes, crème glacée au chèvre et olives Kalamata". Le sorbet a fondu à la vitesse de l’éclair, imbibant irrémédiablement la mince et pauvre pâte. Il s’est liquéfié en liquide noirâtre, insipide, dans un ensemble complètement mou. Tranches de courgettes et tomates cerises jaunes en sus.

Ambiance déprime. Avec le désir de retrouver une vivacité grâce à ce filet de "bar sauvage laqué au miel épicé, taglierini fraîches, jus de poule aux épices baharat émulsionné à la mascarpone". Pas besoin d’explications: il ne s’agit que d’un filet de poisson, de pâtes à la crème et de quelques branches de rapinis passés à l’eau. De quoi en rester béat. Chef, avez-vous goûté aux plats qui sortaient, ce soir là?

Dernier espoir: cette "poitrine de canard rôti, purée de Yukon gold, betteraves au four, réduction de Xéres". Viande un peu faisandée, est-ce possible? Un trait de purée, deux betteraves sympathiques et une sauce courte, peu convaincante. Que reste-t-il de nos amours, Renoir?

Douceurs

Le serveur s’est rapidement excusé de nos plats encore à moitié pleins. Deux belles tranches de fromage, pour se rattraper. Dont nous ne connaîtrons jamais l’identité, et ce n’est pas faute de l’avoir demandé.

Les desserts se présentent comme une assiette de fromage. Trois à choisir sur six. Dont un excellent pot de chocolat. Le reste n’était pas inoubliable.

Décevant

Il n’est malheureusement pas rare de tomber sur de mauvaises tables dans les hôtels. Les efforts du nouveau chef, Deff Haupt, de faire du Renoir une table unique tombent à plat.

Emballant

Le service – il faut le souligner – efficace et compréhensif. La terrasse, pour amateurs de centre-ville style "affaires".

Combien?

Menu du midi à 32 $, entrée, plat et dessert inclus. Le soir: 49 $. Budget vin: préparez 25 $ pour deux verres et 50 $, au minimum, pour une bouteille.

Quand?

Tous les jours, de 6 h 30 à 22 h 30.

Où?

Au 1155, rue Sherbrooke Ouest. Réservation: 514 285-9000 ou www.restaurant-renoir.com.