Restos / Bars

Restaurant Le Continental : Classique Continental

Vénérable sans être vieux, Le Continental assume avec fierté ses cinquante années d’existence sans dévier de son chemin.

Pas une ride, pas une maladresse. Il y a quelque chose de rassurant dans cette cuisine, que certains qualifient de "classique continentale" et qui demeure un modèle de constance. On est ici bien loin des fioritures et du tape-à-l’oeil. Dans ce décor imposant et presque solennel s’épanouit un énorme bouquet de fleurs multicolores. Tout contre l’un des piliers délimitant les deux parties de la salle à manger, une armoire à cognacs exhibe ses trésors. À quelques pas, sur la droite, ce palmier toujours vert qui ne semble pas avoir grandi depuis ma dernière visite. La lumière du jour déferle dans la salle à manger. De loin en loin, le regard s’évade par le vitrage donnant vue sur la rue Saint-Louis, sur la lente procession des véhicules et des piétons. J’ai une faim sans soif. Je commande tout de même une Moretti, dont je prends deux gorgées… avant de l’oublier, parole! J’ai pour excuse la carte qui me distrait d’agréable façon avec son médaillon de veau (poêlée d’artichauts), son faux-filet de boeuf "Grill" (champignons mixtes sautés au confit d’ail), sa "Belle de Douvres meunière", sa longe d’agneau en croûte (réduction au parfum de romarin), sans parler du canard flambé à l’orange et du tournedos de saumon et pétoncle. Je croyais en avoir fait le tour quand l’un des serveurs nous signale les "Suggestions du chef" qu’on découvre en soulevant le menu du jour. Là se cachent entre autres le homard thermidor, le tartare de saumon, le médaillon de veau au marsala et poêlée de cèpes. C’est là aussi que se calme la curiosité de mon invitée et que son choix se fait. J’ai choisi comme entrée un feuilleté de pleurotes à la crème piqué d’une branche de romarin. Elle m’est servie dans une grande assiette creuse qui vous donne l’impression d’avoir peu à manger. Erreur! Les champignons y sont abondants sous le mince chapeau de pâte feuilletée. Ils sont de plus délicieux dans leur sauce veloutée, pas trop épaisse, où l’on ne décèle aucun excès d’épices ou d’aromates. Mon invitée a préféré la crème de volaille où flottent de petits morceaux de volaille (évidemment), de carottes et de céleri. Le bouillon lui-même a bon goût, malgré son manque de sel (ce qui est un moindre mal). À ce moment de notre repas, les clients sont plus nombreux qu’à notre arrivée. Polis et attentionnés, les serveurs effectuent à intervalles réguliers une petite tournée pour s’assurer que tout va bien à chaque table. Une question à poser? Il y a toujours l’un d’eux non loin de nous. Aussi mon invitée se fait-elle conseiller un aligoté (Jaffelin 2005) pour accompagner son plat de résistance. À vrai dire, la carte des vins témoigne d’une cave variée, intelligente et bien garnie, mais elle n’offre que deux choix au verre. Pour la suite, je m’étais décidé pour le crabe des neiges. Les pattes, soigneusement décortiquées, sont entourées d’une jolie garniture: ratatouille, brocoli, pommes de terre sautées aux oignons, petite julienne de légumes. Tout à côté, notre serveur ménage une petite place et y dépose deux bonnes cuillerées de sauce hollandaise. Il laisse la saucière sur la table en repartant, mais ce que j’ai dans l’assiette suffit amplement et je m’en régale. Mais je ne mange que d’un oeil, si je puis dire, l’autre étant rivé à jamais sur la grande assiette carrée posée devant mon invitée. Quatre niches y sont aménagées; dans chacune, un petit bonheur différent. L’ensemble a pour nom "L’entrée d’Or". D’abord, des morilles sur une noix de ris de veau nappée d’une sauce corsée à laquelle une pincée de sel fait le plus grand bien; puis du crabe des neiges au chutney de mangue dans un petit tonneau de pâte filo empanaché d’aneth et de pousses de maïs; puis une langoustine sur un coussin de riz; et puis un beau morceau de foie gras au torchon… que mon invitée a gardé pour la fin. Je goûte en même temps qu’elle à chacun, puisque – j’en suis certain – c’est bien trop pour une seule personne. Je néglige ma propre assiette (surtout les accompagnements), mais c’est pour une bonne cause. Une sorte de B. A. en continu qui me satisfait outre mesure. Mon invitée devra manger seule son Saint-Honoré. D’ailleurs, absorbée par son abnégation, elle oublie de m’en offrir ne serait-ce qu’une bouchée…

Restaurant Le Continental
26, rue Saint-Louis
(Québec) Québec
Téléphone: 418 694-9995
Menu du midi: 11 à 22 $
Table d’hôte: 37 à 42 $
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 73 $