Bin 48 : Le portrait de son père
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Bin 48 : Le portrait de son père

Bin 48 vous propose en soirée sa variété de tapas et, le jour, sa cuisine du monde au goût d’ici.

S’agit-il d’un tout nouvel établissement ou bien d’un restaurant qui a changé de nom? J’étais parti de chez moi avec l’idée d’aller manger au Péché véniel, mais je ne retrouve cette appellation nulle part. J’avais eu vent, il est vrai, de quelques changements survenus là. Si ma mémoire est bonne, le décor est resté le même. Je le trouve toujours aussi beau, bien éclairé, confortable. Les colonnes se sont dépouillées de leur habillage africain, mais le bar s’adosse encore au mur du fond tout en vieilles briques et, au plafond, lampes et lustres semblent des mobiles "design" qui s’animeraient au moindre souffle. J’ai par mégarde choisi un fauteuil trop bas par rapport à la table – sans doute idéal pour l’apéro, mais certainement pas pour un repas. Il y en avait pourtant d’autres. Plutôt que de changer de place, je me surélève au moyen d’un coussin. Je n’ai toujours pas trouvé réponse à la question que je n’ai cessé de me poser et que je pose à notre serveuse. "Bin 48", dit-elle en déposant devant mon amie un verre de Bin 50. Là, j’ai du flou dans la comprenure. Trop affamé, sans doute, pour me retrouver entre ces deux "bins", je m’octroie une bonne gorgée de la Sapporo qu’on m’a servie… dans un verre de Kronenbourg. Il est donc plus que temps de s’intéresser à ce qui se mange ici. Un premier coup d’oeil au menu du jour me laisse un peu… sur ma faim: sandwich pain baguette (fromage de chèvre, saumon fumé, oignons), demi-pizza espagnole (chorizos, tomates au vin blanc safrané, oignons caramélisés), penne arrabiata, nid de pétoncles et légumes. L’excuse est donc toute trouvée pour aller flâner dans les méandres de la carte (du soir?). Elle a un air de connaissance – hérité de l’autre resto auquel il appartient désormais. Chaque page s’agrémente d’un aphorisme évoquant le plaisir ou la gourmandise, sinon les deux. "Les 48 tentations du 48" sont de tous les styles et à toutes les sauces: pétoncle, shooter à l’huître, jambon, satay de poulet, beignet de courgettes. Puis ce sont les entrées, les salades, la belle suite de soupes et de potages – miso, Côte d’Azur… Les sandwichs, wraps, burgers et consorts ne sont pas en reste: boeuf et fromage de chèvre, boeuf et mozzarella, boeuf et shiitake, viande fumée, poulet grillé, wrap à la libanaise, hot-dog à l’européenne, quesadilla de poulet… Je m’aventure à peine jusqu’aux "Saveurs du monde" – entrecôte, émincé de poulet, tilapia Shanghai et crevettes créoles… J’avoue avoir fait mon choix presque au hasard. Bonne, fraîche, croquante, telle est la salade servie à mon amie. Laitues, concombres, oignons rouges, dés de tomates, poivrons rouges et fines lanières de carottes y sont liés d’une vinaigrette bien huilée, sans excès d’acidité. Quant à mon potage Choisy (crème de laitue à l’anis étoilé), il offre ce qu’on attend de lui: ce chaud velouté qui prépare la voie au plat de résistance. Il s’avère de bon goût et discrètement anisé. Arrive un peu plus tard mon "nid de pétoncles sautés au gingembre", sobrement présenté dans une grande assiette creuse. Fines rouelles de carottes, poivrons rouges, courgettes, poivrons verts, oignons verts taillés en biseau: cette garniture entoure un lit de riz blanc cuit (sans doute cuit à la vapeur), de la même couleur que les pétoncles, moelleux et cuits juste à point. Pas de quoi applaudir à tout rompre, mais bon et nourrissant. Tout à l’opposé, l’assiette de ma compagne embaume – d’un parfum agréable et torride. On a disposé sur ses penne arrabiata les rondelles de chorizo qu’elle avait bien demandées "à part". Qu’à cela ne tienne, il y a du bonheur dans l’assiette, et celle qui l’a choisie n’a certainement pas l’intention de s’en plaindre. Le brûlant de l’assaisonnement n’empêche nullement d’apprécier la cuisson juste des pâtes et le bon équilibre des autres assaisonnements. Il justifie les rasades de vin prises en rafales, les gorgées d’eau qui se suivent, parfois ponctuées d’une bouchée de pain. J’y ai goûté, mais sans aucune intention de récidive: l’enfer n’est pas mon fort. Le repas s’achève tout de même en douceur: un clafoutis aux fraises pas trop sucré, deux cafés et de longues minutes de farniente passées à écouter du fado.

Bin 48
Resto-lounge
233, rue Saint-Paul
(Québec) Québec
Téléphone: 418 692-4648
Menu du jour: 8,95 à 13,95 $
"Saveurs du monde": 10,95 à 17,95 $Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 49,34 $