Restos / Bars

L’Orée du bois : Sortie en forêt

L’Orée du bois n’a plus besoin de présentation. Tout nouvel arrivant dans la région se la fera recommander chaudement, pour sa table, son service charmant, son cadre champêtre… et pour ses prix, toujours raisonnables.

Ceux qui cherchent une adresse sûre le savent: c’est au fond des bois qu’il faut diriger ses pas. À la lisière du parc de la Gatineau, un peu à l’écart du village de Chelsea, L’Orée du bois tient maison depuis près de 30 ans. Oui, 30 ans! En restauration, c’est tout un exploit. Et c’est le meilleur témoignage de la passion d’un chef, Guy Blain, et de son épouse, Manon.

La vieille maison de ferme et ses dépendances sont un peu cachées par le boisé environnant; et si vous y voyez un homme à la grosse barbe grisonnante, ce n’est pas l’ermite du coin: c’est le chef! Formé dans la plus pure tradition française, il s’est donné pour mission d’allier son expertise et son grand talent aux produits du terroir québécois… et à ceux de son jardin!

À l’intérieur, les plafonds sont bas, le décor est rustique, un peu sombre peut-être, mais tellement réconfortant en hiver. On s’y sent à l’abri, pris en charge par un service professionnel et chaleureux. Le menu aussi me semble plus adapté à la saison froide, et c’est peut-être le seul reproche que je ferais à la maison. Viandes braisées et sauces riches sont un peu lourdes en ce mois d’août ensoleillé.

Pour éviter le trop-plein, nous mettons de côté les tables d’hôte quatre services au prix fort invitant (34 $). Nous y allons donc d’une entrée et d’un plat, espérant ainsi nous rendre au dessert… mais ce sera peine perdue! Pourtant, on tentait d’ouvrir en légèreté. Saumon et pétoncles fumés maison (dans le joli fumoir qu’on aperçoit près du stationnement), servis sur un lit de céleri rémoulade, faisaient une très belle assiette; la saveur d’érable était subtile, les textures, très belles. Un flan de crabe accompagné d’une sauce aux herbes du jardin réjouit par son moelleux; les petits flans sont une des signatures du chef, et ils sont généralement irréprochables.

Pour la suite, un lapin braisé aux bleuets sauvages est plein de saveur, le côté fruité ne dominant pas sur le fin goût de la viande. Un petit flan aux oignons jaunes, une ratatouille et de fines pâtes complètent le plat. Est-ce l’inspiration des bois qui a, inconsciemment, orienté aussi mon choix vers ces charmantes bêtes à grandes oreilles? Ou la simple curiosité? J’y vais d’un feuilleté de rognons de lapereaux, sauce aux deux moutardes et échalotes. Pas plus gros que des olives, les rognons sont tendres, rosés au coeur, et leur saveur pas du tout écrasée par une sauce très bien dosée. Une fine purée de pommes de terre remplace les pâtes, alors que les autres accompagnements sont inchangés, mais tout à fait adéquats. À noter, la belle carte des vins qui allie habilement grands crus et petites bouteilles sympathiques à prix très raisonnables.

La créativité, parfois maladroite, de tables plus modernes n’est peut-être pas au rendez-vous, mais on ressort de L’Orée du bois sans mauvaises surprises, satisfait par une table à la qualité constante. Et le portefeuille est tout aussi heureux, allégé d’un maigre 70 $, pour deux, avant vin, taxes et pourboire.

L’Orée du bois
15, chemin Kingsmere
Chelsea
819 827-0332
www.oreeduboisrestaurant.com