Restos / Bars

Benitz Bistro : Béni soit Benitz

Benitz Bistro est né au détour de l’été. Le rêve d’un chef enfin réalisé, au plus grand bonheur des dîneurs…

Il y a quelques années, ma chère voisine de l’époque, grande branchée de la scène gastronomique d’Ottawa, me faisait part de la rumeur ambiante: "Paraîtrait que le chef à surveiller, c’est Derek Benitz…" Benitz officiait alors au Luxe Bistro, où son talent me semblait toujours noyé dans le "m’as-tu-vu" de l’endroit. Voici donc qu’il fait le grand plongeon en ouvrant sa table bien à lui, tellement à lui qu’elle porte son nom!

En entrant dans la maison de briques qui a jadis accueilli Le Métro, rue Somerset, on ne peut qu’être charmé par la transformation: l’espace est aéré, les murs blanc crème sont nus – à l’exception de petites appliques murales lumineuses et d’un grand miroir au-dessus du foyer. Tellement aéré qu’on hésite un instant entre l’impression de rénos incomplètes et celle, plus invitante, d’un décor tout ce qu’il y a de zen. Des tables nappées de blanc et des chaises fusain complètent la mise en scène.

Le service est avenant, professionnel, mais sans aucune prétention. Et très majoritairement bilingue! On nous propose un menu bref, mais bien bâti: une soupe, trois salades, trois entrées, six plats. C’est peu, mais bien assez pour nous faire longtemps délibérer. Les descriptions suffisent à révéler la créativité d’un chef qui ne travaille qu’avec ce qu’il y a de plus frais et bio, si possible. Côté vin, on fait une belle promotion de l’Ontario, tout en offrant une carte qui plaira à toutes les allégeances… et toutes les bourses!

Après un amuse-bouche simplissime de fromage de chèvre et tomate séchée, Véronique y va de saumon fumé maison au bois de cerise, décoré de câpres frites, et accompagné d’une délicieuse confiture d’oignons. Plus gloutonne, j’attaque une terrine de foie gras du Québec dont je pose des cubes bien fermes sur des crostinis maison, avant de décorer le tout d’un peu de compote de bleuets sauvages séchés. Les présentations, dans de longues assiettes rectangulaires, sont d’une grande beauté: un délice pour les yeux et les papilles!

Elle fait suivre d’un filet de boeuf décoré de fines tranches de truffes et accompagné d’une purée à l’ail rôti, d’asperges blanches et vertes d’une finesse inégalée et de petites betteraves jaunes. La viande est parfaite, goûteuse, grillée en surface et bien saignante au coeur, comme elle l’aime. Le plaisir est au rendez-vous dans mon assiette aussi: un risotto aux safran, champignons armillaires couleur de miel et bette à carde est irréprochable. Et comme si ça ne suffisait pas à mon bonheur, il est décoré de homard de la Nouvelle-Écosse poché au beurre, d’une finesse et d’un fondant qui font rêver. Même repue, je ne peux me résoudre à en laisser une bouchée au fond de l’assiette creuse!

La carte des desserts, elle aussi fort simple, se fait tentante. Tarte Tatin, moelleux au chocolat, crème brûlée; des classiques qu’on aurait bien aimé revisiter à la façon Benitz… mais il faut se résigner: l’abus viendrait entacher un repas jusqu’ici parfait.

Nous quittons avec la joie d’une découverte qui réconcilie encore une fois avec le métier: des bistros de cette carrure, j’en visiterais tous les jours! Les 80 $ dont il nous allège, avant vin, taxes et pourboire, semblent bien peu de chose pour autant de qualité et de bonheur…

Benitz Bistro
327, rue Somerset Ouest
Ottawa
613 567-8100
www.benitzbistro.com