Ou peut-être Musimax en fin de compte. Mais en plus dynamite. Car l’âge de la clientèle de ce drôle de Bungalow oscille plutôt autour de la trentaine. Des gourmets curieux, quand même, qui sont parvenus à dénicher ce minuscule resto dissimulé derrière une façade plutôt terne. Tristement cimentée au rez-de-chaussée, briquetée à l’étage, il n’y a que ce néon vert, "Restaurant", pour indiquer qu’on peut se mettre quelque chose sous la dent ici. Et en observant le mur avec attention, on découvre des petites lettres, disséminées, qui forment maladroitement le mot "Bungalow".
À LA CARTE
Enfin, on y est. Ambiance diner. Cuisine ouverte et inoxydable, sièges de bar chromés. Comptoir convivial et petites tables simplettes. Couleurs sombres, lumières tamisées et décibels. Les haut-parleurs bon marché crachent une musique éclectique. Pour l’ambiance. Les jeunes s’agitent derrière et devant le comptoir. On se croirait presque dans un bar.
Mais c’est bien un resto. Au mur, menu sur vitre au feutre noir. Pas de grandes surprises. Cuisine italo-franco-méditerranéenne, très bistro. Une petite roquette, bien fraîche, est recouverte de généreux copeaux de parmesan. La vinaigrette est élémentaire: huile d’olive et vinaigre balsamique. Simple, direz-vous, mais efficace!
Sincérité, aussi, dans ce gaspacho typiquement espagnol, à l’acidité retenue, légèrement granuleux et décoré de traits de pesto de coriandre et de menthe.
Un incontournable de ces tables bistro montréalaises, le tartare de saumon. Énième version de ce désormais classique, aux condiments clairsemés, tout comme les grains de maïs, mais toujours nappé de ce pesto sympathique découvert dans le gaspacho. Coupe franche et température idéale: presque chambré. Au diable la biosécurité, c’est tellement meilleur ainsi!
La stupéfaction du jour, c’est tout de même le grand retour du vénérable et très british fish & chips. Plutôt rare, à l’est de la rue Saint-Laurent! Et c’est donc avec grand plaisir que l’on croque dans cette croustillante pâte dorée à la chaire de morue tendre. Réussi. Les frites sont teintées de jaune croustillantes, fondantes. De quoi séduire l’amateur. Une petite salade de type mesclun accompagne tout simplement le plat.
Toujours très bistro, le fameux tartare de boeuf. Inévitable compagnon des soirées détendues, il plaît rarement au connaisseur, qui a su au fil des années développer sa recette. Mais pour le néophyte, voilà un classique. La moutarde monte au nez, les cornichons font le reste. Et parce que notre jeune cuistot est bien ancré dans le XXIe siècle, il suffit de demander de la fleur de sel pour obtenir quelques flocons de Maldon (sel de mer produit dans le comté d’Essex, en Angleterre). Un petit bijou à essayer.
Le quatuor de crevettes grillées est le fruit d’une recette encore une fois des plus accessibles. Réduction de soja et d’érable, haricots verts sautés et pastilles de maïs, c’est joli. Sans peur et sans reproche. Cool.
Il a fallu l’arrivée de quatre gars ultra-tatoués et très costauds, très rigolos aussi, pour jeter un oeil sur ces côtes levées BBQ. Quand on leur a montré les pièces de viandes toutes crues, ils ont dit oui. Elles devaient être assez plantureuses, faut croire. Mais nous avions fini.
UN PEU DE DESSERT
Pas de quoi rendre fou un chroniqueur: il n’y avait que deux desserts à goûter ce soir-là. Une crème brûlée, riche et savoureuse, et un fondant au chocolat servi dans son ramequin qui a fini de cuire le temps de le dire. Démoulé, les gars, c’est vraiment meilleur. Et plus facile à réussir.
DÉCEVANT
L’addition un peu élevée au final. Le peu de choix de vins au verre dans ce resto qui se veut un peu bar. Le son musical un peu ca-canne.
EMBALLANT
Des plats classiques, bien réussis, sans trop de pirouettes. L’ambiance très amicale, intimiste. L’impression d’être invité chez des copains.
COMBIEN?
Pour un souper entre amis, comptez quand même au moins 40 $ par personne. Vins au verre autour de 7 $.
QUAND?
Du mardi au samedi, de 18h à 23h.
OÙ ?
Au 4165, rue Saint-Hubert, notez-le bien. Tél.: 514 523-9006.