Autant j’ai déploré la fermeture du restaurant qui occupait précédemment ces lieux, autant je me réjouissais de découvrir celui qui lui a succédé. J’y suis d’abord passé un midi, histoire de vérifier s’il ne s’agissait pas du même établissement – qui aurait changé de nom, comme cela arrive quelquefois. Accueilli avec chaleur et empressement, j’ai aussi eu droit à un coup d’oeil sur la carte et à quelques précisions verbales. Quelques jours plus tard, nous nous y rendons, mon amie et moi… pour tomber au beau milieu du "party d’ouverture". Les deux salles à manger sont bondées, la terrasse itou. De bonnes odeurs flottent ici et là. Un petit ensemble de jazz ajoute à l’atmosphère festive de l’endroit et le personnel, fébrile, essaie d’être partout à la fois. Il y aurait bien sûr une petite place à l’extérieur, mais… on nous prévient qu’il nous faudra nous armer de patience. "Jamais deux sans trois…" murmure ma compagne après un moment de réflexion. Nous repartons en nous promettant de revenir: cette troisième visite devrait être la bonne. Il est environ 13h quand nous nous pointons de nouveau. Une telle persévérance sera-t-elle récompensée? Pas autant que nous l’espérions. Trois ou quatre clients dînent dans la première salle à manger, celle où se dresse le bar. Dans la seconde, d’autres clients terminent leur repas, quelques bouteilles colorées s’alignent sur une étagère, des tableaux accrochent au mur des notes de gaieté. Le soleil plombe, il fait lourd. Nous optons pour la terrasse, bien sûr. Par excès d’optimisme, j’ai cru qu’on s’empresserait d’ouvrir pour nous l’un des grands parasols… À nous de nous débrouiller, puis de nous installer. Je commande une Belle Gueule; mon amie en fait autant. À mesure que nous parcourons la carte plastifiée, nous nous renseignons auprès du personnel. En quoi le "burger Stéfanos" se distingue-t-il des autres? La viande est déjà assaisonnée, ce qui vous dispense d’y ajouter moutarde, ketchup ou autre. On peut aussi se faire servir un sauté de boeuf sur nid de pâtes au beurre, un steak frites (sauce au poivre, aux champignons ou au bleu), un croque-monsieur au capicollo, une salade de thon et pêches, un filet de saumon au poivre vert citronné, des pétoncles et crevettes sur lit de riz, un tournedos de poulet bardé de capicollo… Retour au menu du jour: pizza au poulet et pesto, poulet kebab (avec tortilla ou dans un pain), steak frites, tartare de saumon. Notre choix fait, il ne nous reste qu’à siroter nos bières en discutant de tout et de rien. On apporte bientôt à ma compagne la soupe du jour, en l’occurrence une stracciatella un peu différente de l’originale, mais simple et bonne. Morceaux de poulet, poivre (un peu trop), oeufs, pointe de curry. N’ayant rien choisi d’autre qu’un plat principal, j’aurais presque fait une ovation à l’assiette qui se pose un peu plus tard devant moi. Un beau steak, des frites, une abondante salade. Au premier coup de couteau, la viande se met à saigner. "Vous appelez ça medium…" dis-je à la serveuse. Elle me laisse un mot d’excuse en remportant mon assiette en direction des cuisines. Évidemment, une viande "recuite" vous offre le pire qu’on peut en attendre. Elle me revient quelques minutes plus tard. La chiche sauce aux champignons qui m’est servie à part (à ma demande) dans un tout petit récipient de plastique ne parvient pas à la "ranimer", si l’on peut dire. Indulgente, mon amie n’ose pas signaler ce qui ne va pas, mais finit par demander à notre serveuse pourquoi son poulet kebab lui est servi dans une tortilla plutôt que dans un pain (comme elle l’avait demandé)? Tout à coup, je me sens la proie d’une certaine lassitude et ne sais plus que penser. Les trois fois où j’ai franchi le seuil de ce restaurant, l’accueil m’a paru chaleureux; j’ai deviné ici beaucoup d’enthousiasme et de bonne volonté… Nous continuons à manger un bout de temps, mais le coeur n’y est pas vraiment. Nos fourchettes renâclent et nos assiettes refusent de se laisser vider. Nous n’insisterons pas. Pour finir, deux cafés et un gâteau aux bananes (truffé de noix et passementé d’un coulis de fraises) nous requinquent un tant soit peu l’humeur.
Restaurant Stéfanos
969, avenue Myrand
Québec (Québec)
Téléphone: 418 353-0535
Menu du midi: 8,95 à 13,95 $
Table d’hôte: 16,95 à 23,95 $
Dîner pour deux (incluant boissons et taxes): 31,22 $