Les restaurants italiens, dans la région, arrivent rarement à me réjouir. Il y a bien eu Zibibbo, petit bijou proposant une cuisine fine et goûteuse, mais des conflits internes ont mené à sa perte. Et puis, il y a Il Negoccio, table fraîche et simplissime, tout ce qu’il y a d’honnête. Au-delà, on tombe dans la lasagne extra fromage, la César au poulet, la bruschetta noyée de mozzarella. Bref, rien qu’on ne peut mieux faire à la maison.

Je m’intéresse tout de même aux nouveaux venus, pleine de l’espoir d’être enfin surprise… et charmée. C’est donc sans trop d’hésitation que j’ai opté pour un souper pré-théâtre au Chianti, stratégiquement situé entre les bureaux de ma comparse Méli et le CNA. La maison de briques de la rue Metcalfe est plutôt agréable; l’intérieur est sobre, dépouillé, avec un séduisant plafond de fines lattes de bois foncé, vaguement japonisant. On nous accueille avec le sourire et l’ensemble du service sera courtois.

Le menu est plutôt simple: soupes, salades, pâtes, viandes et poissons, généralement dans des interprétations assez classiques. J’ouvre d’emblée avec une stracciatella, soupe on ne peut plus réconfortante, faite simplement d’un bouillon de poulet dans lequel on cuit de l’oeuf battu mélangé à un peu de parmesan et qu’on garnit de persil frais; celle-ci est fort honnête, même si l’oeuf n’a pas la légèreté que j’ai connue ailleurs. Méli, de son côté, y va d’une minestrone dont le bouillon flirte avec la sauce tomate, mais qui déborde de légumes frais et savoureux.

Elle fait suivre d’escalopes de veau, sauce aux porcinis. La viande est d’une tendreté irréprochable, mais la sauce noie les délicates escalopes dans un parfum de champignons réhydratés; ces derniers ne sont pas nécessairement à proscrire, mais ils doivent être utilisés avec plus de parcimonie. Des légumes grillés et un risotto safrané complètent l’assiette; le risotto a malheureusement subi l’affront d’un grand trait de crème, ce qui le rend beaucoup trop riche. Je suis plus heureuse avec mes rotinis sauce bolognaise: les pâtes maison sont tout en délicatesse, al dente comme il se doit, et la sauce qui les nappe est bien viandée, goûteuse et consistante. Les portions sont d’une grande générosité… tellement qu’il faudra en laisser dans l’assiette sans quoi Othello nous perdra à mi-parcours!

Je n’ai pas encore trouvé l’italien de mes rêves, mais l’addition, avec son petit 45 $ pour deux, avant vin, taxes et pourboire, incite sûrement à revenir! Une table assez réjouissante et, dans l’esprit de la saison, réconfortante à souhait.

Chianti
160, rue Metcalfe
Ottawa
613 321-4623

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