Les bineries se succédaient à un train d’enfer dans le local qui fait l’angle des rues Laval et Frontenac. En deux petites années, j’en ai vu passer quatre ou cinq, certaines duraient quelques mois, d’autres ouvraient pour refermer aussitôt. Je me réjouissais à la pensée que le quartier avait enfin atteint son point de saturation: les patateries pullulent; n’en jetez plus, la cour est pleine!
Mais était-ce simples projections de mon esprit gourmand, fatigué de humer les effluves de fritures? Que nenni! La fin de l’été vit apparaître une grande affiche colorée dans la vitrine: "Bientôt Café Gaïa"… Un bon coup de pinceau a joyeusement ravivé l’intérieur de jaune, orange et vert; la salle a été redivisée pour accueillir la cuisine ouverte; l’ameublement a été revu. Un petit nid douillet dans la plus pure tradition granola!
Méli étant fana de Gaïa, je me devais de lui réserver ma première visite. Nous y voici donc, un midi tranquille, attablées dans la salle inondée de lumière. Le menu nous est familier: salades délirantes, sandwichs copieux, spéciaux de la semaine et desserts cochons… mais santé! Une cuisine bio et équitable autant que faire se peut, fraîche et végé, toujours. Le service y est tout sourire, sans prétention aucune, attentionné. L’âme est la même; elle a simplement plus d’espace pour s’exprimer!
J’ouvre avec un potage de betteraves simple, mais réconfortant: une purée consistante, à la couleur vibrante, parfumée à l’aneth. Suit un "Zuquinoa", gratin de courgettes, tomates, oeuf, fromage et quinoa, bien sûr, cette céréale super protéinée originaire d’Amérique du Sud qui ressemble un peu au couscous. C’est copieux, bien bourratif et tout à fait savoureux. Méli, elle, y va d’un sandwich "Vent d’Orient": tofu mariné, pesto maison, tomates, concombres, sauce acajou, le tout sur un pain grillé au sésame. Les deux plats sont complétés par une abondante salade de romaine, poivron rouge, tomate, concombre, luzerne, carottes râpées, graines de tournesol, et la délicieuse vinaigrette Gaïa, en vente dans le comptoir des produits à emporter.
Pure gourmandise, nous décidons de partager un "Carré sublime", amalgame de noix de Grenoble, capuchons de chocolat, tofu (oui, oui!!), noix de coco, et j’en passe; un tantinet sucré à mon goût, mais tout à fait délicieux… et si généreux qu’on ne verra pas le fond de notre assiette!
Un copieux repas pour deux va chercher dans les 30 $, avant taxes et pourboire. Tout à fait raisonnable pour une cuisine aussi fraîche et qui fera le bonheur de votre cardiologue! Et pour les fonctionnaires du coin, les quelques mètres supplémentaires à marcher ne feront qu’ajouter aux bienfaits de l’aventure… À noter: on attend le permis d’alcool qui permettra d’offrir des vins bio et des bières de microbrasseries. Des plats à emporter sont aussi offerts. Le café est ouvert du lundi au vendredi; le samedi s’ajoutera, si l’affluence le justifie.
Café Gaïa
103, rue Frontenac
Gatineau
819 503-1030