Restos / Bars

La Salsa : Que Calor!

Le temps d’une soirée, La Salsa vous donne à déguster un ailleurs qu’on imagine forcément toujours beau.

Quand j’ai visité ce resto pour la première fois, il y a maintenant plusieurs années, j’ai écrit que sa découverte avait illuminé ma semaine – et pas seulement parce que c’était un jour de beau temps au milieu d’un mois pluvieux. Situé de l’autre côté de la rue, il était alors d’une exiguïté telle qu’on avait presque l’impression de dîner dans la cuisine même. Je m’étais promis d’y revenir. J’ai tenu parole plus souvent qu’à mon tour. De même, ce petit établissement a tenu ses promesses au fil des ans et reste fidèle aux spécialités salvadoriennes et mexicaines qu’on retrouve encore aujourd’hui sur une carte qui a beaucoup… grandi: pozole (soupe aux grains de maïs), carne asada, fajitas, chili con carne, nachos, chilaquiles et autres, sans oublier les tamales, empanadas et burritos. On ne vient pas ici pour le décor, dont l’exotisme, toutefois, vous semblera un peu plus convaincant après quelques bonnes gorgées de vin ou de bière. À ce moment-là, le cocotier nain de l’entrée et le bananier dressé au milieu de la pièce sont aussi vrais que le sombrero rouge accroché près des cuisines, aussi vrais que les tacos, enchiladas, sope, guacamole et quesadillas dont une clientèle variée fait, ce soir, ses délices. Des affiches vous convient au Mexique ou au Salvador, les haut-parleurs vous infusent de la salsa dans les membres, le grand écran couleur vous plonge dans les méandres tourmentés d’une telenovela entrecoupée de pubs annonçant d’autres vallées de larmes et de rires – Así es la vida, Amar sin límites… On vous servirait exclusivement en espagnol, si vous le demandiez. Le dépaysement est donc total. Nous avons plusieurs fois trinqué, mon amie et moi, Dos Equis contre Pilsner Urquell, cette dernière rappelant, nous dit-on, une bière qui a "la cote" au Salvador. À chacun de ses passages près de notre table, notre serveuse s’arrête. Non, nous ne sommes pas encore prêts, mais… Après notre nième échange de questions et de réponses, mon amie s’est décidée. Pour moi, ce sera sans doute la carne asada, viande grillée accompagnée de riz, purée de haricots, salade et avocat. Je me ravise à la dernière minute, me sens prêt à choisir l’assiette de dégustation, puis me rabats sur… l’assiette tropicale végé. Ma compagne, qui n’en croit pas ses oreilles, manque de s’étouffer avec une gorgée de bière. Pour lui prouver que je vais bien, je commande aussi un burrito qui, lui, comporte de la viande. Un chili con carne maison se pose peu après devant elle, dressé dans une coupe et bordé de tacos. La viande, bien cuite et sans "tirailles", se mêle à des grains de maïs et à des haricots moelleux, dans une sauce de bon goût et pas trop huileuse. J’en mange un peu, moi aussi, en attendant mes assiettes: j’ai omis de préciser que je souhaitais le burrito comme entrée. Il m’arrive, un peu plus tard, avec l’imposante assiette tropicale végé: savoureux bâtonnets de yucca frit, suave purée de haricots, guacamole (plus onctueux que ne le veut la recette traditionnelle), salade salvadorienne de légumineuses (haricots, pois chiches, etc.), quesadilla mexicaine (garnie de fromage et de laitue)… Et du riz légèrement tomaté, cuit (pas seulement échaudé) et assez bien assaisonné pour en faire l’un des meilleurs que j’aie mangés dans la région. Il y a autre chose encore, dont je ne me soucie pas beaucoup, pressé que je suis d’aborder le burrito qui (ai-je la berlue?) m’adresse des signes d’impatience. Je m’autorise cependant un petit détour, question de faire un brin de causette avec le taco fajita de mon amie: tortilla mexicaine (au poulet), fajita et riz (le même qui m’a été servi, mais j’en remange). Maintenant, à nous deux burrito sur le point de refroidir! À chaque bouchée, son enveloppe souple s’affaisse légèrement, et par l’autre extrémité s’échappe un peu de la garniture – vite récupérée par ma fourchette, bien sûr. Nos assiettes reparties, arrive le moment que j’attendais. Tâter un peu de la horchata, spécialité d’origine espagnole (horchata de chufa) qui tient à la fois de la boisson et du dessert! C’est la variante mexicaine que l’on vous sert ici, bien frappée (dans un petit verre avec deux pailles, car nous voulons seulement y goûter). D’un brun chocolaté, sucrée, pas trop épaisse, elle est à base de sésame, de riz, de cacao, d’arachides, de coriandre, etc. Et délicieuse, avec ça! C’est, en soi, un petit univers énergétique (sans produits chimiques) capable de vous requinquer un grabataire en cinq secondes! Après ça, qui aurait besoin de dessert ou de café?

Restaurant La Salsa
1063, 3e Avenue
Québec (Québec)
Téléphone: 418 522-0032
Menu du jour: 9,50 à 9,75 $
Plats (à la carte): 9,99 à 13,99 $
Souper pour deux (incluant taxes et boissons): 45,95 $

Légende /
grande table : 5 étoiles
très bonne table, constante : 4 étoiles
bonne table : 3 étoiles
petite table sympathique : 2 étoiles
correcte mais inégale : 1 étoile