Le terme habesha est rassembleur: c’est le nom qu’utilisent les Éthiopiens et les Érythréens pour parler d’eux-mêmes, sans distinction ethnique. Nom bien choisi pour un resto qui offre une cuisine tout aussi rassembleuse. En effet, le néophyte qui se présente dans un restaurant éthiopien pourra être dérouté: on y mange dans une grande assiette commune, avec les doigts, de surcroît!
J’avais proposé à la petite famille quelques choix de restos à visiter; Habesha fit l’unanimité. Notre première visite dans un établissement du même type avait laissé des souvenirs impérissables. Le scepticisme initial – l’Éthiopie a si souvent fait les manchettes en raison de famines dévastatrices! – s’est rapidement transformé en curiosité, puis en pur plaisir: l’expérience est à la fois ludique et délicieuse.
Le petit local qui abrite Habesha est situé dans ce secteur de la rue Wellington que restos et boutiques branchées font revivre depuis le départ des brocanteurs. La salle est minuscule, le décor quasi absent, mais l’accueil chaleureux. Le menu n’a rien de différent des autres restos du même type, et notre choix se fixe sans mal: l’assiette Habesha pour trois, avec viande – elle existe en version végétarienne -, qui propose une sélection de huit ragoûts typiques.
On nous apporte d’abord une assiette d’injeras, sorte de grandes crêpes faites de farine de teff – céréale sans gluten, avis aux allergiques! -, un peu spongieuses et de couleur mastic, dont on se sert pour manger. Le grand plateau suit, tapissé lui aussi d’injeras, sur lesquelles se vautrent de petites portions des différents wots, ragoûts de viande, de légumes ou de légumineuses. Wots au boeuf, haché ou en cubes, doro wot avec pilons de poulet et oeufs cuits durs entiers, wots de lentilles, de pois jaunes cassés, de chou, carottes et pommes de terre. Plusieurs ragoûts mettent à l’honneur le berbéré, assaisonnement de base de la cuisine éthiopienne composé de piments séchés, épices, oignons rouges, gingembre… attention les papilles!
Commence alors un grand bal à quatre mains, chacun déchirant un bout d’injera dont il se sert pour ramasser un peu du wot de son choix. Les parfums se mêlent, les saveurs se complètent et, injera aidant, les estomacs se remplissent vite. Quelques tours de piste et nous voilà repus. Et fort heureux que le dessert ne fasse pas partie de la tradition. On regrettera seulement qu’on ne nous apporte pas, comme on le fait ailleurs, un rince-doigts d’eau chaude citronnée…
Un repas très copieux pour quatre nous dépossède de 40 $ à peine, avant boissons, taxes et pourboire. Nettement plus rentable que le fast-food… et tellement meilleur! À noter qu’Habesha propose – sur réservation et en petits groupes – la cérémonie traditionnelle du café.
Habesha
1087, rue Wellington
Ottawa
613 761-6120