Restos / Bars

Gorée : De Dakar à Port-au-Prince

Une invitation au voyage. L’équipe pleine de fraîcheur de ce Gorée concocte avec amour des plats savoureux dans une ambiance du tonnerre. Nous sommes carrément tombés en amour. Voilà une escale aux accents détonnants, du Sénégal à Haïti, du Cameroun au Cap-Vert.

Gorée est d’abord un endroit sympathique et chaleureux, à cent lieues de la prétention artificielle de la rue Crescent. Logé en demi-sous-sol dans un bout de rue qui ne paie pas de mine, cet adorable resto mise d’abord sur la convivialité. On vous accueille avec un énorme sourire et une gentillesse carrément sincère. Pas guindé du tout, le Gorée. Ni folklorique. Une simplicité très contemporaine, l’impression de visiter la famille. À gauche, le resto, une cinquantaine de places tout au plus; à droite, le bar et derrière, une discothèque, qui s’anime tard dans la soirée, sur des airs de pop tropicale. Ça chauffe. La clientèle est en noir et blanc, les murs aussi, rehaussés de quelques peintures tout aussi typiques que discrètes. Pas de flaflas: on est entre nous. Une manière digne et symbolique de rendre hommage au véritable sens de Gorée, l’île sénégalaise aux esclaves, mémoire endolorie de cette "traite des nègres" qui a dévasté le pays pendant plus de trois siècles.

DÉLICES /

Le navire de Gorée vogue sous de bien plus beaux cieux. À la barre, le chef N’Diaye, ses origines sénégalaises et son apprentissage en Europe. Avec l’objectif de moderniser les cuisines traditionnelles, de l’Afrique aux Caraïbes, pour en révéler toutes les audaces, toutes les saveurs. Il nous invite à un grand voyage.

Avec ses petites bouchées, le menu virevolte entre moules au bouillon épicé de Dakar, crevettes épicées à la lime du Cap-Vert, rouleaux de viande hachée à la menthe de Marrakech et feuilleté au poisson de Port-au-Prince. Retour à Dakar, dans le marché foisonnant de Grand-Yoff, pour des pastels, sortes de chaussons de pâte brisée farcis de thon. Toujours avec ces envoûtants mélanges d’épices revigorants. Les acras de Matouba, de haricots blancs ou de morue, nous emmènent au Cameroun. Avouez que le kilométrage est donné.

À quatre, possibilité très intéressante de partager toutes ces bouchées. Antoine, charmant serveur, se fera un plaisir de vous diriger vers les plus belles découvertes, servies dans une assiette centrale, ouverte à tous.

On repart. Pour les plats, quelques classiques incontournables du Sénégal. Le mafé, d’abord, ce fameux mijoté de boeuf devenu plat national, à la chair si tendre, dans sa sauce aux arachides, accompagné de son cône de riz. Le yassa est une belle cuisse de poulet marinée dans du jus de citron, avec olives et moutarde. Sa chair est tendre, juteuse, allumée par une préparation délicate. Le thiéboudienne s’adresse aux amateurs de poisson, doucement cuit avec riz et légumes. Avec cette touche: notre chef tient à servir de belles assiettes découpées. Le jarret d’agneau, création de notre serveur Antoine, est coiffé de fabuleux oignons vinaigrés et décoré de légumes et de bananes plantain en rosace. Vraiment séduisant. Côté Togo, on prépare le mouton en daube, dans une sauce tomatée acidulée éclatante. À découvrir.

DESSERTS /

Les desserts du Gorée ne sont pas un must. Étonnante, quand même, cette Tatin de bananes flambées, qui s’accompagne si bien d’un Nirvana, cocktail de rhum épicé, de jus de pamplemousse, de sirop de tamarin et de sucre de canne.

EMBALLANT /

L’accueil si chaleureux. Le mélange des genres et des pays visités. Des plats soignés et des portions généreuses, sans extravagance. Une carte des vins courte mais efficace. Une longue liste de cocktails aguichants à faire briller les yeux des amateurs de rhum.

DÉCEVANT /

La présentation des plats hésite encore entre folklore et modernisme. Il ne manque pas grand-chose pour donner à cette cuisine une touche résolument contemporaine. Mais est-ce vraiment nécessaire?

COMBIEN? /

Petits délices du midi à 12 $. Généreuse table d’hôte en soirée à 26,95 $. Festin royal à la carte à partir de 35 $.

QUAND? /

De midi à 14 h 30 et de 18 h à 22 h. Prolongation jusqu’à 23 h les vendredis et samedis. Fermé le lundi. Danses lascives jusqu’à 3 h.

OÙ? /

Gorée
1240, rue Crescent
Tél.: 514 395-9898
Adorable site Internet: www.goree.ca

Réservation hautement recommandée les vendredis et samedis.