Liste de Noël
Pas moins d’une douzaine de films sortiront pendant le temps des Fêtes. Voici nos impressions quant à savoir lesquels sont de beaux cadeaux ou de vilains morceaux de charbon.
CHARLIE WILSON’S WAR
Après Primary Colors, sa biographie voilée de Bill Clinton, Mike Nichols réalise ici une autre savoureuse satire centrée sur un politicien hédoniste. Se basant sur l’histoire vraie de la façon dont Charles Wilson a convaincu le Congrès américain de financer les Afghans dans leur lutte contre les envahisseurs soviétiques, le scénariste Aaron Sorkin a fignolé une comédie screwball où les gags fusent de toutes parts, livrés par un trio de stars (Tom Hanks, Julia Roberts et surtout Philip Seymour Hoffman) drôlement en forme. (K.L.)
L’AVOCAT DE LA TERREUR
Quel personnage énigmatique et fascinant que ce Jacques Vergès! Condisciple de Pol Pot, fils d’un Réunionnais et d’une Vietnamienne, cet avocat français épousa la pasionaria algérienne Djamila Bouhired après l’avoir sauvée de la peine de mort, disparut huit ans de la circulation, puis défendit des terroristes tels Carlos dit le Chacal et des criminels de guerre comme Klaus Barbie. Bien qu’il ne perce pas le mystère de Vergès, Barbet Schroeder signe un documentaire fouillé, riche et passionnant. (M.D.)
JUNO
Dans l’esprit de Ghost World ou d’Election, ce film d’ados plaira autant aux adultes qu’à ceux qui ont l’âge du personnage éponyme, une fille de 16 ans qui tombe enceinte en même temps qu’elle perd sa virginité. Telle qu’imaginée par Diablo Cody, mise en scène par Jason Reitman et interprétée par l’extraordinaire Ellen Page, Juno est à la fois touchante et hilarante, s’accommodant avec un calme désarmant à sa grossesse imprévue et décochant d’innombrables répliques mordantes. (K.L.)
THE RAPE OF EUROPA
Durant une douzaine d’années, les nazis ont dérobé le cinquième du patrimoine artistique européen. Inspiré du livre de Lynn H. Nicholas et narré par Joan Allen, ce bouleversant documentaire de Richard Berge, Bonni Cohen et Nicole Newnham raconte à l’aide d’archives percutantes et de témoignages émouvants comment depuis la fin de la guerre une armée de conservateurs, de curateurs et d’historiens de l’art tentent de retrouver et de redistribuer ces milliers d’oeuvres. (M.D.)
LE DERNIER CONTINENT
Davantage un film d’aventures qu’un documentaire pédagogique, ce film de Jean Lemire immortalise son expédition de 430 jours en Antarctique, où l’équipage du Sedna IV et lui ont pu observer directement l’impact du réchauffement planétaire. Les images absolument superbes des paysages d’eau et de glace et l’excellente musique de Simon Leclerc (avec la participation de Patrick Watson) contribuent à faire du Dernier Continent une oeuvre aussi palpitante qu’éclairante à propos de la situation environnementale. (K.L.)
LE SCAPHANDRE ET LE PAPILLON
Ce film de Julian Schnabel porté par l’excellent Mathieu Amalric, dans le rôle du journaliste Jean-Dominique Bauby, qui fut atteint du locked-in syndrome à la suite d’un AVC, adopte principalement le point de vue du malade. Grâce à la patience d’ange de son orthophoniste (sincère Marie-Josée Croze), ce dandy plutôt antipathique dicta son livre à coups de battements de paupières. Parfois lourd, l’ensemble bénéficie de fort belles images texturées traduisant parfaitement les états d’âme de Bauby. (M.D.)
THE SAVAGES
Un professeur de théâtre de Buffalo (Philip Seymour Hoffman, solide) et sa soeur aspirante dramaturge de New York (Laura Lynney, inspirée) doivent placer leur père (Philip Bosco, bouleversant), qui vit à l’autre bout du pays, dans un CHSLD. Près de 10 ans après The Slums of Beverly Hills, Tamara Jenkins signe une comédie dramatique fine et intelligente sur les fragiles rapports familiaux, toutefois, la grisaille et la morosité du tout risque d’en rebuter plus d’un. (M.D.)
WALK HARD: THE DEWEY COX STORY
Dans cette parodie des biopics musicaux à la Walk the Line, John C. Reilly (en mode Will Ferrell) interprète un croisement entre Johnny Cash, Ray Charles et Brian Wilson, qui passe à travers tous les clichés des musicographies (enfance difficile, problèmes conjugaux, enfer de la drogue). Ce film de Jake Kasdan est inégal, voire bâclé par moments, mais certaines séquences, dont celle avec Paul Rudd et Jack Black en Lennon-McCartney, sont drôles à mourir. (K.L.)
THE KITE RUNNER
Donnons le bénéfice du doute à Khaled Hosseini et présumons que son roman est plus nuancé que le film qu’en a tiré Marc Forster. Le potentiel était là pour un portrait fascinant de l’Afghanistan, de 1978, avant l’invasion soviétique, à 2000, pendant le règne des Talibans. La première partie, qui dépeint l’amitié de deux garçons amateurs de cerf-volant, est plutôt charmante. Mais plus le récit avance, plus les clichés mélodramatiques et les rebondissements saugrenus se multiplient, jusqu’à ce qu’on se retrouve en plein thriller de série B. (K.L.)
MAN IN THE CHAIR
Quelle ironie qu’un film qui se veut un hommage à l’âge d’or du cinéma soit aussi mal réalisé, le style de Michael Schroeder s’apparentant à du mauvais Tony Scott. Dans le rôle d’un vieil alcoolo ayant autrefois travaillé sur Citizen Kane, Christopher Plummer livre une performance solide, similaire à celle de Martin Landau dans Ed Wood. Malheureusement, le reste de Man in the Chair est loin d’être à la hauteur du talent du vétéran acteur canadien. (K.L.)
TOUS A L’OUEST
Dans cette adaptation douteuse de La Caravane, Lucky Luke mène un convoi d’immigrants et les Dalton jusqu’en Californie. Malgré les voix de Stéphane Rousseau et des mecs de RBO, l’animation sommaire et l’humour balourd de ce pénible film d’Olivier Jean-Marie ne plairont qu’aux tout-petits. Pour les autres, mieux vaut revoir La Ballade des Dalton, réalisé en 1978 par Morris et Goscinny eux-mêmes, lors de son inévitable diffusion à Ciné-Cadeau. (K.L.)
P.S. I LOVE YOU
Cette mièvre comédie romantique aux lourds accents mélos de Richard LaGravenese (Freedom Writers), d’après le best-seller de l’Irlandaise Cecilia Ahern, souffre d’une grave erreur de casting: Hilary Swank dans un rôle qui siérait à merveille à Sandra Bullock. Comme un malheur ne vient jamais seul, le récit est télégraphié, la trame sonore assommante et les personnages souvent au bord de l’hystérie. Demeure le charme indéniable de Gerard Butler en mari qui envoie des lettres posthumes à sa veuve. (M.D.)