Restos / Bars

Les cons servent : Dîner de cons

Les cons? Ils sont quatre: Stelio, Alexis, Frédéric et Samuel. Le resto Les Cons servent est un bien beau projet qui donne tout son sens à cette nouvelle tendance, la bistronomie. Ou comment marier ambiance bistro et gastronomie. Pari réussi.

Si vous avez un peu de mémoire, d’expérience ou d’âge, vous reconnaîtrez d’abord les lieux. Eh oui, ce local accueillit naguère Le Flambard, bistro français désormais installé rue Rachel. Une excuse pour les plus jeunes: c’était il y a fort longtemps. Si vous courez régulièrement les restos de la Métropole, c’est la bouille du chef qui vous dira quelque chose. Et pour cause, Stelio Perombelon est connu pour ses Chèvres et son Chou, deux restos de l’avenue Van Horne qui ont marqué la petite histoire gastronomique. Après avoir fermé l’hiver dernier, Stelio a dégoté ce local, sur la pas très gourmande avenue Papineau. Ça va peut-être changer!

La grande salle, au design sobre, laisse de l’espace confortable aux clients. Le bois est omniprésent, dans les chaises, les tables et les grandes étagères derrière le bar. On y expose là quelques conserves, vendues à emporter. D’où le nom du resto! Au fond, une large ouverture laisse entrevoir un généreux cellier, rempli de bouteilles d’importation privée.

DÉLICES /

Comme ils sont coquins, les quatre copains. Ils se trouvent un peu cons d’avoir déformé le nom de leur resto. Du coup, ils servent à tour de rôle et ce soir, c’est Fred, le con de service. Débordant d’enthousiasme, il connaît très bien la carte et la liste des vins. Suffit de se laisser conseiller. Il maîtrise même les subtilités des plats de son chef, techniques de cuisson incluses. Un pro. Il décrit avec appétit ce saumon croustillant et sa crème tonato. Et il n’a pas tort. Le petit pavé (c’est une entrée) est cuit à l’unilatérale, croustillant sur le dessus, et nage dans une crème au thon savoureuse. Quelques fines asperges croquantes complètent l’instant de bonheur. Dans un autre registre, la terrine de canard double le plaisir. Une première couche, des rillettes, assez sèches pour ne pas alourdir la deuxième couche, au coeur, une divine terrine de foie gras. Le tout accompagné non pas des lassantes confitures d’oignons, mais d’une version Soubise aérienne au vinaigre de Banyuls. Fondant.

Stelio a assez de talent pour transformer un vulgaire poulet de grain en trésor de chair juteuse. La sauce est acidulée et puissante, accompagnée de légers gnocchis, de carottes et de fines tranches de champignons crus. Une rareté. La joue de veau, désormais un classique de nos bistros montréalais, est évidemment braisée, sur un lit de lentilles vertes parsemées de coings et de cerises séchées au girofle. Subtiles saveurs qui auraient mérité un traitement aromatique plus franc, plus relevé.

DESSERTS /

Vous n’avez pas la dent sucrée? Tournez-vous vers les fromages, servis préparés. Cheddar en grilled cheese avec confiture de figues ou Valbert en raclette avec jambon de canard, pom-pom et radis. Sinon, autant pour vous. La mousse au chocolat Manjari est richissime. Les beignets de pommes, avec compote et chantilly, attirants.

EMBALLANT /

Une cuisine bistro abordable qui ne fait vraiment pas honte à l’exigeant gastronome. Une convivialité très sincère. Une liste impressionnante de vins d’importation privée à tous les prix.

DÉCEVANT /

Ah, c’est bruyant… drôlement bruyant. Mais ne vous plaignez pas, jadis, c’eût même été enfumé, imaginez… Alors si vous cherchez le calme en tête à tête, passez votre tour.

COMBIEN? /

Pas une fortune! Une bisque de crevettes, un poulet au verjus et une mousse au chocolat, tout cela pour 30 $. Avec un verre de vin de qualité à 7 $, avouez que c’est donné.

QUAND? /

Tous les soirs sauf le dimanche, de 18 h à 23 h.

OÙ? /

Les Cons servent
5064, avenue Papineau (un peu au sud de l’avenue Laurier)
Réservations: 514 523-8999