Pour ce début 2008, nous avions en tête de vous dénicher un petit endroit sympa et pas compliqué, histoire de commencer l’année en douce. Le filon qui nous a guidés jusqu’au bistro Au Feu (anciennement l’Anubis) provenait d’une source sûre qui y avait passé un agréable moment à l’heure du lunch.
Confiants, nous nous y sommes pointés un jeudi soir avant Noël. La veille, la quarantaine de places du restaurant avaient été réservées pour un party de bureau. Dès la porte poussée, nous avons tout de suite été enveloppés par une agréable atmosphère lounge et décontractée: comptoir occupé par des habitués-amis, musique tonique, éclairage tamisé rouge, murs ornés de mandalas contemporains signés par le peintre Carlito Dalcieggo. Sans crier gare, un couple s’est dégagé du bar pour improviser quelques pas de danse au centre du resto, sous la présence bienveillante d’un panache de cervidé accroché au mur. Jusque-là, tout nous permettait de croire que nous allions passer une bonne soirée.
À TABLE!
Après qu’un serveur fort sympathique nous ait fait la lecture du menu (écrit uniquement sur l’ardoise et difficile à lire), nous optons pour une entrée de raviolis aux pétoncles et épinards, une autre de tartare de thon, et enfin, un potage aux petits pois et laitue. Ce dernier, saupoudré de persil, est intéressant au goût et tout à fait dans le beat bistro. Disposé en rosace, le tartare de thon est amalgamé avec du guacamole et orné de fines tranches de pommes de terre séchées au four. Le résultat est fort joli à voir, mais la pointe de citron, beaucoup trop marquée, masque le goût des autres ingrédients. Les raviolis, de loin le meilleur choix, ressemblent davantage à des dim sum qu’à des pâtes italiennes. Translucides et en forme de chaussons, ils sont déposés dans une sauce crémeuse. Juste avec ces trois entrées, nous avons un aperçu du monde: Europe, Amérique latine et Asie. Sommes-nous dans un bistro? Un bistro qui flirte de toute évidence avec la cuisine fusion. Attention! Pour réussir ce pari, il faut un sacré talent. Et les entrées ne nous ont pas convaincus que le chef ait tout le bagage qu’il faut pour s’aventurer sur cette avenue subtile et complexe.
Les plats principaux arrivent ensuite: une bavette frites, un thon grillé et un médaillon de bison. Déception dès l’arrivée des plats: chaque assiette contient exactement les mêmes légumes, un bok choy, quatre mini-carottes et un morceau de chou-fleur "tempura" trop salé, dont la pâte est beaucoup trop lourde et graisseuse pour mériter le titre délicat de tempura.
Comme le reste est un peu catastrophique, nous passerons rapidement sur les détails. Le thon était accompagné d’une purée aux poivrons rouges dont l’harmonie des saveurs était déficiente. La pièce de bison, trop coriace pour être agréable à manger, aurait eu intérêt à être marinée. La bavette, quant à elle, correcte mais sans plus, ne nous laissera pas de souvenir indélébile. Et que dire des frites? Dans les deux bols commandés, des bâtonnets grossiers présentaient un intérieur pâteux, un extérieur mollasson. Bref, rien d’intéressant. Point positif: les pièces de viande ont été servies selon la cuisson désirée. Vous l’aurez compris, le Au feu ne nous a pas vraiment allumés.
À 22 h, nous voyons le chef sortir de la cuisine, enfiler parka et tuque. Moment de panique amusé: on n’a pas encore pris le dessert! Premièrement, y en a-t-il? L’ardoise n’en fait pas mention. Le serveur nous rassure en nous présentant une assiette remplie de pointes de gâteaux divers provenant du Kilo. Le chef peut donc aller dormir en paix.
DESSERTS
Le choix de desserts se résume à une sélection de pointes de gâteau au fromage, à la framboise et mangue, et au chocolat, tous très riches et provenant du restaurant Kilo.
EMBALLANT /
L’atmosphère lounge et les raviolis aux pétoncles et épinards.
DÉCEVANT /
Les plats principaux et les frites.
COMBIEN? /
Pour deux personnes avant taxes, vin et pourboire, comptez une vingtaine de dollars le midi, et une soixantaine le soir.
QUAND? /
Sept jours sur sept, matin, midi et soir.
OÙ? /
Au Feu, Bistro allumé
35, avenue du Mont-Royal Est
Tél.: 514 843-3391