Si le brunch ne figure pas au nombre de mes priorités, je lui accorde néanmoins sa chance, de temps à autre. Et je prends le temps de choisir. Ainsi, cette semaine, j’ai posément fait le tour de mes souvenirs dominicaux avant de me décider. "Par le froid qu’il fait, il faut vraiment que cela en vaille la peine", dis-je à mon amie. La chaleur, nous la trouvons en franchissant l’entrée du Bistango. Je fais allusion au sourire qui nous accueille au vestiaire, ainsi qu’à l’amabilité du serveur qui nous reçoit, s’occupe de nous trouver une table et enfin nous place. Le service sera à l’avenant: attentif et cordial. Loin en face de moi, un peu sur la droite, le grand tableau haut en couleur de Suzanne Laurendeau ensoleillerait les humeurs les plus sombres. Plus près de nous, des oiseaux du paradis s’épanouissent dans un vase. À ma gauche, l’éternelle curiosité de l’endroit: l’imposante colonne qui se change en aquarium. Elle alimente les conversations, et pas seulement à notre table, si j’en juge aux têtes qui se retournent et aux regards qui s’attardent au ballet nonchalant des poissons. La voix d’une serveuse me tire de ma rêverie… La dernière fois que nous avons brunché ici, la carte était semée de petites surprises qui lui conféraient une certaine originalité. Entre autres, il me revient à l’esprit les "rouleaux impériaux au crabe asiatique". Ils n’y sont plus (ça fait quand même un bout de temps, je l’avoue). En compensation, je cherche en vain… l’inattendu, l’imprévisible. Le choix n’a rien d’exceptionnel: oeufs pochés au chèvre, sandwich au pain doré accompagné de fruits et de crème anglaise, oeufs (avec jambon, saucisses ou bacon), oeufs bénédictine ou à la suédoise, gaufres, crêpes, panier de viennoiseries… En plus des linguine Bistango et de la danoise aux raisins, il y a bien sûr le menu santé, ses fruits, sa coupe de granola-yaourt. Le menu du midi est également disponible; je souhaite qu’on me le présente. On me l’amène. Il s’agit d’un tableau noir monté sur roulettes et détaillant, en lettres de couleur: velouté de légumes; farfalle aux escargots, crevettes et palourdes; saumon à la (sic) guacamole; poulet à l’asiatique; et salade de canard confit. Une fois que nous sommes prêts à commander, une deuxième serveuse prend la relève de la première. Mon amie termine le verre de jus d’orange et de pamplemousse qu’elle s’était fait servir d’entrée de jeu. Je carbure, pour ma part, au café et à l’eau, déchiffrant d’un oeil gourmand la grande carte que j’ai demandé à consulter. Mon imaginaire se nourrit ainsi de rouleaux impériaux et tempura de poulet, de suprême de canard en croûte d’herbes et pistaches, de jarret d’agneau parfumé aux épices marocaines, de pétoncles, de thon… Au bout d’un temps relativement bref, nos assiettes s’amènent, chaudes et copieuses. Par sa composition, celle de mon amie en vaudrait deux. Elle se compose en effet de deux moitiés de bagel: un oeuf poché surmonte l’une d’elles; l’autre est garnie de fromage à la crème, de saumon fumé et de câpres. Avec cela, des pommes de terre rissolées, une cerise (fraîche et sucrée), des tranches de pastèque, d’orange et de kiwi. J’ai droit aux mêmes accompagnements autour de mon omelette au canard confit. En gros, elle a bon goût. La "couche" d’oeuf est mince. Plus hypertendue que ça, ce serait un voile. La raison est simple: il y a dedans presque autant d’oignons que de canard, et ce commentaire vaut aussi pour les tomates. Le canard, dans tout cela? Pas mauvais dans l’ensemble, si l’on excepte les morceaux plutôt coriaces (pas trop nombreux, à vrai dire). Quelques bonnes gorgées de café aident à faire passer. Je ne me prive pas pour autant de petites incursions dans l’assiette qui fait pendant à la mienne. Histoire de me distraire les papilles: une ou deux bouchées de saumon fumé, des câpres accrochées au passage, un chouïa de fromage à la crème… Et rebelote. Après quoi, je m’intéresse à mes fruits (hormis la cerise qui n’est plus). Un peu de pommes de terre rissolées – désoeuvrement. Je m’ennuie un peu, ce qui ne m’arrive que très rarement à table. Pour finir, je tapisse de caramel la rôtie qui me reste. Un très bon caramel, soit dit en passant.
Restaurant Le Bistango
1200, avenue Germain-des-Prés
Sainte-Foy (Québec)
Téléphone: 418 658-8780
Menu du jour: 20 $
Table d’hôte: 17 à 36 $
Brunch pour deux (incluant taxes et boissons): 27,09 $