La seule prétention de ce resto du Glebe semble être de rendre les dîneurs heureux. Et ça marche. À chaque visite, je ressors l’âme ravie, le corps rassasié, l’esprit apaisé. La salle longiligne au décor dépouillé pourrait en rebuter certains, avec ses tables sans nappes et ses immenses vitrines qui donnent sur un terrain de stationnement. Pourtant, quand on y entre, la candeur qui se dégage des lieux leur donne un air de printemps qui bourgeonne: murs vert pomme, boiseries blondes, plafonds aériens, éclairage bien dosé et, le midi, une lumière naturelle tonifiante.
Côté service, tout se fait avec simplicité et bonne humeur, sans rien enlever au professionnalisme. On prend le temps d’expliquer les plats, de faire des recommandations justes. Le menu est d’une concision désarmante: six entrées, cinq plats, dont les descriptions se limitent aux ingrédients qui les composent. On ne se perd pas en circonlocutions!
Malgré la brièveté de la carte, nous hésitons longuement; tout est invitant. Chéri y va finalement de pétoncles poêlés juste ce qu’il faut, posés sur une gastrique à l’érable et accompagnés d’un rouleau de printemps farci de quinoa, champignons et lardons fumés. Assiette tout en finesse, complétée par une salade de tendres bébés épinards et graines de tournesol rôties. C’est un coloré potage de betteraves et orange qui me ravit. Une touche de crème sure au raifort et un gros chip de betterave croquant en font une entrée légère et savoureuse.
Il poursuit avec un filet de porc grillé, fondant et au coeur bien rose, simplement parfumé d’une réduction au cidre de glace. Betteraves, mini-bulbes de fenouil braisés et courge offrent un coloré plaisir, alors que des spätzles au cheddar et jalapenos suscitent un bonheur mêlé d’étonnement. De l’autre côté de la table, une poitrine de canard rivalise de finesse avec une croquette de Yukon Gold et champignons, dodue, dorée et croustillante. Une réduction de canard parfume la viande, alors que panais et navets caramélisés, et chou rouge finement mariné, complètent une délicieuse assiette. De ces deux plats nous retenons une fraîcheur incomparable, un savant équilibre des saveurs et une habile conjugaison des couleurs. Bref, c’est la rencontre de l’art et de la technique!
Les portions font preuve de générosité, sans exagération. Nous pouvons donc partager un des invitants desserts. Le mariage génoise au chocolat noir, mousse au chocolat blanc et crème au pamplemousse, présenté dans une coupe de verre, fait l’unanimité. On enfonce goulûment la cuillère dans l’appareil moelleux pour aller chercher un peu de tout. C’est réussi!
Un savoureux repas pour deux se montera à 95 $, avant vin, taxes et pourboire. Une addition qui pourrait en décoiffer certains, mais dont on s’acquitte sans sourciller, car la qualité était au rendez-vous.
Urban Pear
151, 2e Avenue
Ottawa
613 569-9305
www.urbanpear.com