Restos / Bars

Urba : Variations urbaines

Dans son décor, toujours d’inspiration new-yorkaise, Urba vous donne à savourer autre chose qu’un menu passe-partout.

Pour nous réchauffer le coeur en ce samedi frisquet, nous nous sommes réfugiés dans la petite galerie Bécot où quelques poètes de la région – Marie Cholette, Huguette Poitras, Rodrigue Gignac et autres – nous ont un peu réarrangé le monde à leur façon – sans mièvrerie et sans optimisme béat. Nous aurions bien partagé avec eux le buffet de fin de soirée, mais nous avions déjà réservé une table au restaurant. Oui, c’est bien de chaleur humaine qu’on fait provision dans ces moments-là. "Cela nous change un peu des médias qui "tripent" depuis quelque temps sur les chars d’assaut", dis-je à mon amie. Elle hoche la tête et s’abstient de répondre. Une fois parvenus à destination, nous nous parlerons de bien d’autres changements. La boutique aux épices et aromates ne fait plus partie du décor. Les desserts sont toujours là, bien en vue, à quelques pas du bar: mille-feuille, tartes et gâteaux attendant votre bon vouloir. Le bar lui-même s’éclaire à intervalles de couleurs différentes. Quelques clients prennent place dans les fauteuils club, d’autres sur des chaises droites. La haute et longue table rectangulaire qui occupait le centre de la pièce s’est réfugiée plus loin, à proximité des grands celliers où patientent de nombreuses bouteilles. Le choix des vins est aussi vaste qu’auparavant, suivi, sur la carte qu’on nous a remise, par plusieurs bières, cocktails, martinis et autres alcools. Nous ne sommes pas au bout de nos surprises, car il nous reste à découvrir les nouveaux menus – qui n’ont plus rien à voir avec une sandwicherie. Alors, une Sleeman pour fêter ça! Pour le moment, pas de formule "table d’hôte", mais elle ne saurait tarder, nous assure notre serveuse. Tartares de boeuf (recette classique), de thon et de saumon figurent parmi les entrées, au même titre que le croustillant de ris de veau aux pleurotes et sirop de porto. Puis ce sont les "calmars frits façon frangin" (offerts aussi comme entrée), le calzone de prosciutto (épinards et olives noires), la poutine au canard confit, le "pilon de jarret de porc confit" (glacé à la sauce teriyaki), l’osso buco à la milanaise, le bifteck Manhattan (boeuf AAA) – bref, un peu de tout ce qu’on attend d’un bistro. Mon amie se commande un verre de rouge (Devoix des Agneaux, coteaux du Languedoc, 2005). Deux, trois fois, la serveuse s’amène à notre table et répond en souriant à nos questions. Nous ne tardons pas vraiment à faire notre choix, mais notre faim est grande et le temps nous paraît long. Nous apprécions d’autant la promptitude du service, une fois nos commandes passées. Mon amie a opté pour la soupe de poisson safranée – chaude, parfumée à souhait, un peu trop claire du point de vue de la texture, mais d’un goût agréable et soutenu. Nous apprécions autant la rouille, onctueuse, pour laquelle le chef n’a pas jugé bon d’utiliser toute sa provision d’ail et de piments, ce dont nous le remercions en pensée. Des croûtons au parmesan complètent la présentation. Je n’aime pas le saumon – sauf fumé ou en tartare. C’est sous cette dernière forme que je le choisis donc – un peu sceptique d’avance, comme toujours. Le poisson se révèle bien frais et aucun des ingrédients (cornichons, jus de lime, basilic, moutarde, etc.), liés d’huile d’olive, ne semble vouloir se dissocier des autres. Cela se mange à grand renfort de ciabatta, jusqu’à la pause obligatoire parce qu’il ne reste plus rien dans l’assiette. En attendant la suite, je m’intéresse à un groupe de clients à qui l’on vient de servir des assiettes hérissées de crevettes. L’odeur tarde à nous parvenir… Peu de temps après, j’accueille avec empressement mes capelli d’angelo au foie gras: des pâtes cuites à point, une sauce abondante et des champignons sauvages à profusion. Un peu fade, tout de même; une pincée de sel (surtout sur le foie gras) et une petite pluie de parmesan râpée rajustent le tir, mais pas autant qu’on aurait pu le souhaiter. Tout à l’opposé, la piccata de veau au limoncello vous exalte quasiment les papilles. Sa sauce est brune, corsée, généreuse; elle imprègne les linguines servis en accompagnement et, bien sûr, la viande elle-même, ainsi que des morceaux d’artichauts et de tomates séchées. Mon amie n’a pas hésité à se faire servir un deuxième verre de vin pour "accoter" ce plat. Nous terminons nos verres en silence, sans aucune allusion aux desserts qu’on nous a pourtant proposés.

Urba
3745, rue du Campanile
Québec (Québec)
Téléphone: 418 653-7643
Menu du jour à partir de 9,95 $
Entrées: 7 à 12 $
Plats à la carte: 14 à 18 $
Souper pour deux (incluant boissons et taxes): 83,18 $

Légende /
grande table : 5 étoiles
très bonne table, constante : 4 étoiles
bonne table : 3 étoiles
petite table sympathique : 2 étoiles
correcte mais inégale : 1 étoile