Restos / Bars

Marché 27 : Jamais trop tard pour un tartare

Le tartare est à la mode. Doux euphémisme. Et votre gourmet chroniqueur n’a pu s’empêcher d’y succomber. Surtout lorsqu’il a appris l’existence de Marché 27. Un comptoir à tartares, on rêve!

C’est un cliché: l’humain mange cru depuis les origines du monde. Bon, il est vrai qu’entre-temps, il a découvert le feu et les plaisirs de la braise. Griller, mijoter, sauter, il a appris tous les rudiments de la transformation d’une viande par la chaleur. Pour une raison évidente: l’hygiène. Mais il a aussi inventé le réfrigérateur. Et depuis, il peut replonger dans les réjouissances du cru. Réminiscence de ses gènes de pithécanthrope mal dégrossi? Peut-être. "L’homme est un omnivore à prédominance carnivore, et son instinct premier est de manger la viande et le poisson crus", a écrit Patrice Dard dans son Tartares et Carpaccio (éd. Robert Laffont). On est entièrement d’accord.

Tout comme d’ailleurs Jason Masso et Patrick Cleven, qui mènent à la fourchette le Marché 27, ce petit resto un peu bar, un peu café et un peu épicerie. Ambiance lumineuse de coin de rue et déco hygiénique, justement, où alternent murs de céramique blanche, style métro parisien et panneaux noirs, comme des ardoises d’école, affichant un peu partout les menus quotidiens. Comptoir à sandwichs, un autre pour les fromages et les pâtisseries et quelques étagères emplies de condiments italiens de luxe. Marché 27 joue sur les trois tableaux avec équilibre.

DÉLICES

Ce soir-là, il y a bien quelques plats, des sandwichs, des petites tartes adorables, mais nous n’en avons que pour les tartares. Alors, ce comptoir? Un peu exigu pour le moment. Au choix, trois poissons et trois viandes. On a déjà hâte d’en voir plus. Saumon, fumé et frais, thon rouge, boeuf, canard et cheval. Enfin, du cheval, il y en avait sur le tableau, mais point au frigo. Pas grave. Le jeu est amusant: on présente aussi quatre apprêts. À la française (moutarde et cornichons), à l’italienne (olive, basilic et parmesan), à l’asiatique (notes de sésame) et à la thaïlandaise (limette et coriandre). Alors… saumon à l’italienne ou à la thaïlandaise? Thon à l’italienne? Boeuf à la française? Et le canard? Bref, des heures de plaisir.

Passez votre commande et admirez le chef hacher menu avec une dextérité spectaculaire. Vous recevrez une bonne portion (125 g) et quelques croûtons. Pour un malheureux 1 $, ajoutez donc un oeuf de caille, qui rend le tartare si soyeux. Résultat? Convaincant. Belle texture de chair, assaisonnements justes et fraîcheur garantie. À l’exception d’un tartare de boeuf trop moutardé qui fut renvoyé pour revenir, encore une fois, un peu trop puissant. Le chef s’en est excusé.

Ajoutons à ce repas quelques frites pimpantes et croustillantes et des oignons frits impeccables. Après deux tartares chacun (on travaille fort pour vous), on abandonne.

C’est donc au pas de course que le dimanche suivant, razzia au Marché 27 pour le lunch et le souper. Au menu du midi, deux tartes toutes fines, à la pâte feuilletée, aux oignons voluptueusement fondants, décorées de fromage de chèvre et de tomates, ou, en pissaladière, d’olives et d’anchois. Un taboulé à la libanaise, au persil abondant mais à la vinaigrette un peu acide. Et un gros baba au rhum, très moelleux. En soirée, lasagne toute simple, peu épaisse, qui ne restera pas dans les annales. Croissants et pains au chocolat sont, quant à eux, très recommandables.

Les fins de semaine, rendez-vous au brunch. Bagels frais et saumon fumé, pain doré de panettone, c’est cool. Sur la banquette, au fond, avec des amis ou en famille, vous serez comme des rois.

DESSERTS

Tiramisu, crème brûlée et attirant pouding de croissants à l’érable. Comme le reste, travaillé avec générosité.

EMBALLANT /

On aime tellement ces petits endroits contemporains, sans trop de prétention, modernes sans être suffisants, surtout quand ils offrent une nourriture de qualité, soignée, aux arômes véritables. C’est détendu et sans complexe. On aime aussi la proximité. Celle du chef, celle de notre serveuse, celle du propriétaire. Encore en état de grâce, ils sont attentionnés. Pourvu que ça dure!

DÉCEVANT /

Le verre de vin à 10 $. C’est trop cher. Une trop petite épicerie avec un choix limité de produits.

COMBIEN? /

Facile: c’est 12 $ le tartare. Avec quelques frites et une bonne bière, vous ne viderez pas votre portefeuille.

QUAND? /

Du dimanche au mercredi de 8 h à 21 h, du jeudi au samedi jusqu’à 23 h.

OÙ? /

Marché 27
27, rue Prince-Arthur Ouest
Réservations: 514 287-2725